Depuis 2001, Youssouf Sylla est le premier magistrat de la commune d’Adjamé. Marié et père de cinq enfants, il explique sans détour comment il a réussi à battre ses adversaires. Il ne manque pas d’égrener ses actions sociales posées en faveur de ses administrés.
Comment se présente la commune d’Adjamé ?
La commune d’Adjamé est une commune cosmopolite. On y trouve tous les ressortissants de la Cedeao, tous les groupes ethniques de la Côte d’Ivoire. Il ya un brassage qui imite le projet ‘’Vivre ensemble’’ du président de la République Alassane Ouattara. Nous esssayons à notre niveau de faire en sorte que toute la population cohabite parfaitement. Nous voulons qu’Adjamé soit un exemple pour toutes les communes de la Côte d’ivoire.
Etes-vous originaire d’Adjamé ?
Si nous voulons aborder ce sujet, alors ce sont les Ebriés qui seraient au pouvoir. Car Adjamé leur appartient. Mais ici, nous sommes dans une ville cosmopolite. Toute l’Afrique se retrouve dans notre commune. Etre originaire n’a pas d’importance. L’essentiel, c’est celui qui travaille pour le développement de la commune d’Adjamé.
Vous êtes à votre deuxième mandat et qu’est-ce qui fait votre force et ce qui fait que la population se retrouve autour de vous ?
Je compte d’abord sur mon parti politique qui est le Rdr. Nous avons su expliquer aux populations le programme de gouvernement du président Alassane Ouattara et ils ont compris. Après trois ans d’exercice, nous sommes sur la bonne voie et cette population se rend compte que nous ne sommes pas des menteurs. Le président est en train de tenir toutes ses promesses et nous sommes fiers de lui.
Qu’est-ce que les populations peuvent retenir de vous ?
Ce qu’il faut retenir, c’est que Youssouf Sylla est humble, il est à la disposition de toute la population. Même si les tout-petits font leur anniversaire et qu’ils m’invitent, je suis présent. Si je suis informé d’un décès, je suis aux côtés des parents du défunt. Je n’aime pas envoyer un représentant. Je suis moi-même à la tâche. C’est cela un maire. Il faut être partout et à la fois. Je n’ai pas de vie privée.
Une journée avec Youssouf Sylla ?
Je quitte la maison à 7heures et demi. J’emprunte le boulevard Nangui Abrogoua en faisant dégager les commerçants sur la voie. Adjamé reçoit chaque jour deux millions trois cent mille personnes à cause du commerce et le transport. Je passe une heure et plus à faire ce travail. Ensuite, je me rends au bureau. Chez moi, il n’y a plus de rendez-vous. Je reçois tout le monde sans exception jusqu’à 13 ou 14heures avant de retourner à la maison. Généralement, ce sont des indigents qu’il faut satisfaire. Le social doit compter beaucoup pour un maire. Je ne réchigne pas sur cet état de fait.
Quelles sont les actions concrètes que vous avez déjà posées dans la commune ?
Je suis l’instigateur du pèlerinage de tous ceux qui vivent à Adjamé. Chaque année, la mairie prend en charge 20 pèlerins du Hadj. La mairie prend également le pèlerinage de 20 chrétiens à Lourdes, Fatima ou Jérusalem. Nous avons fait cela pendant dix (10) ans. Mais nous avons arrêté pour des problèmes financiers. Cependant, nous envisageons reprendre ce programme pour le bonheur des pèlerins. Le pèlerinage est très important pour les croyants car à un certain âge, en accomplissant cet acte, c’est se voir déjà au paradis à la mort.
Nous demandons donc aux autorités de nous aider à reprendre cet important projet.Malgré la crise, nous avons posé des actes de haute portée. Nous avons construit la maternité de l’Hôpital militaire, nous avons achevé les travaux à Williamsville. Pour la sécurité des populations, nous avons construit le commissariat du district en face de Fraternité Matin. Il y a aussi le commissariat du 27ème arrondissement au quartier Bracodi. Nous avons construit l’école Éveil, l’école primaire Sylla Youssouf ainsi qu’un jardin d’enfant à Macaci et un autre à Sodeci, sans oublier l’école primaire du Château.
Malgré ces actions de développement, Adjamé demeure toujours un nid d’insécurité ?
C’est toute la Côte d’Ivoire qui est plongée dans cette insécurité dont vous faites cas. Avant la crise post-électorale, Adjamé était au point zéro selon les chiffres officiels des autorités policières. Après la crise, l’Etat a fait beaucoup d’efforts.Aujourd’hui, avec tous les commissariats qui existent, la sécurité est garantie à Adjamé. De cinq à six voitures braquées par mois autrefois, on se retrouve à une voiture. C’est un grand pas et nous allons continuer le travail.
Il y a aussi le problème de la gare routière, quelle solution ?
Il y a un début de solution, car il y a quelques mois, le président de la République est venu poser la première pierre de la gare internationale d’Abidjan. C’est une gare qui va coûter 47 milliards. Le démarrage des travaux traîne, mais je ne désespère pas car nous sommes permanemment en contact avec le ministère des transports qui nous rassure de l’exécution très bientôt des travaux.
Comment avez-vous réussi à détrôner le maire Amondji Djédji Pierre au moment où son parti le Fpi était au pouvoir ?
Il faut tout simplement retenir que la trahison n’est pas une bonne chose. Le Front Républicain avait été créé entre le Fpi et le Rdr. Nous étions nouveaux dans la politique et il voulait en profiter pour nous rouler dans la farine. Nous avons compris que ce n’était pas la bonne manière. Nous étions deux candidats, Amondji et moi. Après les tractations menées par feu Djéni Kobénan, il a été convenu qu’Amondji soit le maire et moi le premier Adjoint au maire. Malheureusement, le Fpi nous a roulés dans la farine au dernier moment. C’est ainsi que nous avons décidé d’affronter notre ex-allié. J’ai gagné les primaires sur recommandation de la Sg qui était Henriette Dagri Diabaté. J’ai ainsi, en tant que candidat Rdr, battu Amondji. Suite à la crise sous l’ancien président, nous avons passé dix ans à la tête de la mairie. En 2010, nous avons participé à l’élection présidentielle où j’ai été directeur de campagne du candidat Alassane Ouattara à Adjamé. Nous avons réalisé un score de 70% des suffrages.
Ces élections aussi n’ont pas été faciles pour vous ?
Pendant les municipales, c’est le parti qui m’a choisi comme candidat. Malheureusemnt, ceux que j’ai proposé et aidé à la députation se sont dressés contre moi. Ils voulaient être député maire. On m’a traité de tout, ils m’ont opposé aux cadres du Worodougou. D’autres se sont présentés en indépendant avec les députés que j’ai choisis, fabriqués et soutenus. Même le Secrétaire général par intérim du parti s’est dressé contre moi pendant la campagne. Il est allé voir le président de la république Alassane Ouattara pour rétirer ma candidature sous prétexte que je ne pouvais pas gagner. Il a été désavoué et effectivement, j’ai gagné les élections.
Est-ce qu’il ya des regrets ?
Oui, j’ai des regrets. Lorsque vous rendez un service à quelqu’un et en retour, il se rebiffe contre vous, c’est regrettable.
Est- ce que la paix entre vous responsables du Rdr est revenue ?
Je n’ai aucun adversaire à Adjamé, j’ai gagné les élections. La politique, c’est un rang. Si vous quittez le rang pour aller vous balader, à votre retour, vous vous retrouverez derrière. Je demande à tous ceux qui sont partis de revenir à la maison. Ils sont partis pour se présenter en indépendant. Et le Rdr n’a sanctionné personne. C’est mauvais pour un parti politique. Il faut appliquer les textes du parti. Ce n’est pas de la rancune.
Youssouf Sylla et la musique ?
Pour Alassane Ouattara, on peut tout faire . C’était de l’imagination en collaboration avec mon service de communication. Nous avons même réalisé un film pour le président de la république. C’est pour augmenter sa popularité auprès des populations.
Mais plus de groupe artistique dans la commune ?
C’est vrai, il n’y en a plus. Alors que j’ai fait construire trois maisons de jeunes pour permettre aux jeunes talents dans tous les domaines de l’art de s’exprimer . Ce qui porte à quatre le nombre total des maisons de jeunes. Il ya en à Williamsville, Bracodi, Bomacoté et Dallas. J’ai prévu l’achat d’un orchestre complet que je vais mettre à la disposition des jeunes qui sont intéressés par la musique.
Au plan sportif, Youssouf Sylla fait –il corps avec le Stella club d’Adjamé ?
J’étais supporteur de l’Asec d’Abidjan, mais quand la politique est entrée par la fenêtre, j’ai décidé de soutenir le club de ma commune, le Stella club. Chaque année, le club est inscrit dans mon budget.
Qu’est ce qu’on doit retenir de vous ?
L’amitié, l’honneteté et l’humilité. Il ne sert à rien de se taper inutilement la poitrine. Je n’hésite pas à donner à ceux qui sont dans le besoin.
Quel sentiment après l’inauguration de l’hôpital général ?
Ce fut un très belle fête. Malheureusement entachée par cet immeuble qui a fait de nombreux blessés. Le président nous a rendu l’ascensceur. J’en ai profité pour poser le problème de la voirie d’Adjamé au président. Il ya le projet de construction d’un tunnel qui part de la caserne des sapeurs pompiers et qui traversera le village ébrié jusqu’à Bromacoté où sera construit le 5ème pont. Le boulevard Nangui Abrogoua sera au dessus du tunnel. Les mises en demeure ont déjà été distribuées aux propriétaires des habitations qui sont sur ce trajet. C’est aussi cela l’émergeance. Si nous voulons l’atteindre, il faut faire beaucoup de sacrifices. Je demande alors à la population d’Adjamé de rester unie pour que le vivre ensemble soit une réalité pour le développement de la commune.
Réalisée par Bernard N’Dri et Etienne Atta
Photo à titre d'illustration