Jeux africains: le taekwondo, sport de plus en populaire sur le continent

  • 22/08/2019
  • Source : Rfi
Discipline née en Corée du Sud, le taekwondo est de plus en plus populaire en Afrique, surtout depuis la médaille d’or de l’Ivoirien Cheick Cissé aux JO de Rio en 2016. Environ 300 pratiquants de haut niveau venus des quatre coins du continent sont présents à Rabah pour les Jeux africains. Reportage.

De notre envoyé spécial au Maroc,

Certes, ce n’est pas comme le football. Mais sur une grande partie du continent africain, on pratique volontiers le taekwondo, cet art martial venu de Corée du Sud.

À Dakar, à Niamey, à Libreville, à Bangui, à Kinshasa ou en encore à Abidjan, sans oublier l’Égypte et les pays du Maghreb, on s'adonne à ce sport devenu olympique en 2000 à Sydney.

Cheick Cissé, un modèle

Le plus grand succès pour le taekwondo africain reste pour le moment l’énorme performance de l’Ivoirien Cheick Cissé, qui avait obtenu l’or en 2016 à Rio durant les Jeux olympiques. Sa compatriote Ruth Gbagbi, 25 ans, avait, elle, décroché la médaille de bronze au Brésil. L’Abidjanaise était carrément devenue championne du monde l’année suivante au pays du taekwondo.

Après la pratique du ballon rond, le taekwondo est désormais un des sports majeurs en Côte d’Ivoire. Des centaines de jeunes enfants veulent ressembler au « grand Cheick Cissé », premier athlète du pays à avoir fait retentir l’hymne national aux JO, qui vient d'obtenir l'or à Rabat. Le taekwondo a été introduit en 1968 en Côte d’Ivoire, précurseur de la discipline sur le continent. « La Côte d'Ivoire a une histoire avec ce sport. Depuis 1985, il y a des médailles dans les grandes compétitions  »,confirme l'entraîneur Jérôme Essapa.

Anthony Obame, première médaille olympique africaine en taekwondo

Autre champion, le Nigérien Issoufou Alfaga Abdoul Razack. Grâce à l’art martial pieds-poings, ilavait été nommé officier de l’ordre du mérite pour avoir décroché la médaille d’argent aussi à Rio en 2016.Il est reparti de Rabat avec l’or autour du cou.

Quatre années plus tôt, le Gabonais Anthony Obame avait obtenu la première médaille olympique africaine à Londres. Précurseur, le champion du monde et double champion d’Afrique avait ensuite été accueilli en héros à Libreville et fait Chevalier de l’Ordre National du mérite. Ce mercredi 21 août, Anthony Obame a été battu par l’Égyptien Abelrahman Darwich en demi-finale.  

Sadikh Ababacar Soumaré, champion d’Afrique 2018 au Maroc à Agadir, en battant le « grand monsieur » Cheick Cissé, avance que le taekwondo est très populaire au Sénégal. « J’espère que comme à Rio, quelqu’un pourra imiter Cissé lors des JO de Tokyo l'année prochaine », murmure-t-il. Soumaré s’est incliné au stade des demies face à l’Ivoirien qui a pris sa revanche.

Daba Modibo Keïta la référence

Le Malien Seydou Fofana pointe lui aussi la popularité de ce sport du côté de Bamako. Son modèle : Daba Modibo Keïta, surnommé le gladiateur, l'un des sportifs du pays les plus respectés avec ses deux titres de champion du monde (Pékin 2007 et Danemark en 2009). « On veut suivre sa trace, confie le vice-champion d’Afrique. Le taekwondo est un sport complet de plus en plus pratiqué chez moi ». Daba Modibo Keïta avait à l’époque obtenu une bourse du CIO pour s’entraîner aux États-Unis. Il avait eu l’honneur d’être le porte-drapeau du Mali pour le JO de Pékin en 2008.

Pas encore très développée, la discipline arrive même jusqu'à Djibouti sur la Corne de l'Afrique. L’entraîneur national, Amedh Saïd Oufkir, explique que le taekwondo se pratique depuis à peu près trois années. « J’ai le projet avec le Comité olympique djiboutien de faire évoluer la pratique pour espérer un jour envoyé un athlète aux Jeux. Pour le moment, nous avons environ 150 pratiquants et j’aimerais que les Jeux africains donnent envie de pratiquer mon sport à Djibouti », raconte celui qui a suivi sa formation d’entraîneur en Allemagne. Aujourd’hui, le taekwondo africain rivalise désormais avec celui d’Asie, d’Amérique et d’Europe.

Cheick Cissé en or à Rabat

Cheick Cissé, très attendu à Rabat, s’est emparé de l’or en battant le Marocain Achraf Mahboubi. « Ma mission était de faire briller la Côte d’Ivoire et j’espère que l’on va nous soutenir. Ce que l’on fait n’est pas facile, on est très loin de nos familles (il s’entraîne en Espagne, ndlr). Aujourd’hui, je suis champion olympique et je pourrais me dire : " J’ai tout eu dans ma vie ". Mais je me bats pour mon pays », affirme le numéro un mondial dans sa catégorie au micro de RFI. Pratiquement qualifié pour les prochains Jeux olympiques de Tokyo en 2020, Cheick Cissé était tenant du titre. « Le niveau est très haut et je suis fier de moi. Je suis encore là après des blessures. C’est une suite logique dans ma saison », ajoute-t-il. Cheick Cissé profite de ce nouveau titre pour lancer un appel : « Tokyo c’est un autre niveau, il va falloir des sponsors pour préparer ces Jeux. Le haut niveau, ce n’est pas quelque chose d'anodin. »