Dans une déclaration publiée à l’occasion de la célébration de la 21éme journée mondiale de la liberté de la presse sur le thème « La liberté des médias pour un avenir meilleur en Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 », le Réseau ivoirien pour la promotion de l’éthique dans la société (RIPES) appelle à une presse libre en Côte d’Ivoire.
S’interrogeant sur la manière dont les médias libres peuvent contribuer à un avenir meilleur et au bien-être social en Côte d’Ivoire, le président du RIPES et ambassadeur pays du Centre international sur l’éthique des médias, Dr Célestin Gnonzion ajoute que la réponse à cette question se fera à la lumière du rôle et de la perception des medias comme 4eme pouvoir dans une société en voie de démocratisation.
Pour lui, les médias, considérés comme un 4e pouvoir, doivent être libres par rapport aux trois premiers pouvoirs que sont l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Cette liberté des médias vis-à-vis des autres pouvoirs est l’unique condition qui puisse leur permettre de jouer pleinement leur rôle de contre-pouvoir et d’équilibre des autres pouvoirs, avec comme présupposé, que l’exercice harmonieux et constructif des trois 1ers pouvoirs, les uns, indépendants des autres, peut être la solution du bien être social dans une société démocratique.
Il s’agit d’une société dans laquelle, ce qui compte, ce n’est pas le fait d’être ministre, homme politique, journaliste, footballeur, agriculture, professeur d’université, etc. Mais une société dans laquelle, ce qui compte, c’est le fait d’être citoyen, estime-t-il.
Dr Gnonzion pense que les médias doivent consolider leur rôle de voix des sans voix. Ils ne doivent donc pas être la voix de ceux qui ont déjà de la voix, ceux dont la voix porte déjà trop haut, mêlant à son ton, des bruits nocifs pour la démocratie, la paix sociale, la cohésion et la réconciliation de tous avec tous.
Les médias doivent être libres. « Libres par rapport aux pouvoirs économiques; Libres par rapport aux partis politiques; Libres par rapport aux associations de la société civile », affirme Dr Gnonzion. « Ils doivent être libres afin de pouvoir décrypter pour nous, citoyens normaux, l’agenda de ceux qui nous gouvernent, au lieu de nous donner à consommer des communiqués de presse et des informations fabriquées dans les cabinets de communication de ceux qui incarnent les trois premiers pouvoirs. C’est donc au nom de cette liberté d’exercer leur métier, que nous condamnons toute tentative d’intimidation des journalistes », déclare le président du RIPES.
S’exprimant sur la question de la liberté des médias pour un meilleur développement de la Côte d’Ivoire, Dr Gnonzion estime que si la liberté des médias peut garantir leur participation au processus de développement de la Côte d’Ivoire, pour être durable, ce développement a également besoin d’autres piliers. Il s’agit des piliers économiques, culturel, sociaux et surtout politique, dans un pays qui sort de crise politique où la démocratie semble n’être que celle des lettrés, des citadins et des partis politiques. En Côte d’Ivoire, les médias doivent être libres afin de mieux expliquer les enjeux de l’agenda de la réconciliation et de la paix qui constitue l’autre nom du développement.
La célébration de la 21eme journée mondiale de la liberté de la presse, coïncide en Côte d’Ivoire, avec un contexte sociopolitique dominé par une volonté collective de réconciliation, de pardon et de paix, observe-t-il.
« Cette journée interpelle donc, non seulement, toutes les parties prenantes du monde de la communication et des médias, mais aussi, toutes les institutions politiques et tous les citoyens. Quel type de société voulons-nous bâtir en Côte d’Ivoire dans les prochaines décennies ? Quel rôle doit jouer les journalistes et les médias dans ce processus ? Quels moyens leur donne la société pour y arriver ? », appelle-t-il à la réflexion.
BREF HISTORIQUE DE LA JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LIBERTE DE LA PRESSE
L’institution de la journée internationale de la liberté de la presse fait suite à un séminaire pour le développement d'une presse africaine indépendante et pluraliste, organisé du 29 avril au 3 mai 1991 à Windhoek, en Namibie, sous l’égide de l’Unesco.
Les participants à ce séminaire ont adopté la Déclaration de Windhoek qui stipule que « la création, le maintien et le renforcement d'une presse indépendante, pluraliste et libre sont indispensables au progrès et à la préservation de la démocratie dans un pays, ainsi qu'au développement économique ». Cette Déclaration a été approuvée par la 26ème session de la Conférence Générale de l’Unesco en 1991.
C’est à partir de la déclaration de Windhoek, que l’Assemblée Générale des Nations Unies du 20 décembre 1993 a pris la décision de proclamer le 3 mai comme Journée mondiale de la liberté de la presse.
C’est depuis cette date que « mandatée pour défendre la liberté d'expression et son corollaire, la liberté de la presse, l'UNESCO s'emploie à promouvoir ces droits fondamentaux dans toutes les régions du monde ». Cette année 2014 marque donc le 21e anniversaire de la journée mondiale de la liberté de la presse.
La journée est célébrée régulièrement en Côte d’Ivoire depuis 1995.
Le thème retenu cette année est «La liberté des médias pour un avenir meilleur : contribuer à l'agenda de développement post-2015».
En Côte d’Ivoire, il est possible d’appréhender ce thème général en tenant compte de nos réalités et de notre contexte. Il serait donc opportun pour nous, de célébrer cette journée 21 journée autour de la réflexion sur le thème de « La liberté des médias pour un avenir meilleur en Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 ».
Journée mondiale de la liberté de la presse : le RIPES plaide pour des médias « libres » en Côte d'Ivoire - Photo à titre d'illustration