C’est le 29 novembre 2011 que Laurent Gbagbo est parti de l’aéroport d’Abidjan pour le centre pénitencier de Scheveningen à La Haye. Cela fait jour pour jour deux ans aujourd'hui, et son affaire est loin de connaître son épilogue.
Son parti, le Fpi, lui rend un hommage ce samedi au QG d’Attoban. Ses soutiens restent actifs, mais on sent des lignes de démarcation sur la stratégie de lutte pour sa libération. Retour sur un départ précipité.
En effet, ce que ses militants redoutaient le plus est finalement arrivé juste ce 29 novembre. Visé par un mandat d'arrêt qui lui a été signifié dans la même journée, Laurent Gbagbo a été aussitôt transféré et incarcéré dans une prison de la CPI, à La Haye (Pays-Bas). Dans la nuit de mardi à mercredi, l'ancien président ivoirien a pris un avion à Korhogo où il était détenu depuis sa chute.
Affrété par Abidjan, l'appareil a pris la direction de Rotterdam, où il est arrivé peu avant 4 heures (soit 3 heures GMT). Gbagbo, âgé alors de 66 ans, a ensuite été conduit, à bord d'un minibus au centre de détention de la Cour, où il attend désormais son procès. Laurent Gbagbo est soupçonné d'avoir «engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l'humanité à raison de meurtres, de viols et d'autres violences sexuelles, d'actes de persécution et d'autres actes inhumains », a annoncé la CPI dans un communiqué. Une audience de comparution initiale, destinée notamment à vérifier l'identité du suspect, l'informer de ses droits et des crimes qui lui sont imputés, a été tenue le 5 décembre 2011.
Une première comparution de Laurent Gbagbo devant la Cour qui a duré une trentaine de minutes. Au cours de cette audience, les juges ont vérifié l’identité de Laurent Gbagbo et se sont assurés qu’il était clairement informé des charges portées contre lui ainsi que des droits que lui reconnaît le Statut de Rome. Mais depuis lors que de péripéties. Le 22 février 2012, faisant droit à une demande de la Défense, la Chambre préliminaire I de la Cpi décide d’élargir les enquêtes sur la situation en Côte d’Ivoire pour inclure les crimes relevant de la compétence de la Cour et qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 septembre 2010, prenant ainsi en compte les crimes commis après la tentative de coup d’Etat qui s'est muée en rébellion contre l’ancien président Gbagbo.
Sept mois plus tard, soit le 12 septembre, la Cpi annonce une audience à huis clos sur la santé de Gbagbo. Il s’agissait de déterminer s’il est en assez bonne santé pour assister aux procédures. La juge Silvia Fernandez de Gurmendi explique que cette audience «permettra de discuter de tous les sujets liés à l’aptitude de M. Gbagbo à prendre part aux procédures engagées à son encontre». Cette comparution se tient du 24 au 25 septembre, et plus rien jusqu'en 2013.
Ainsi, du 19 au28 février 2013, l'audience de confirmation des charges dans l’affaire '' le Procureur c. Laurent Gbagbo '' se tient. Pendant huit jours donc, l’Accusation et la Défense présentent leurs éléments de preuves devant la Chambre préliminaire I de la Cpi. Le 3 juin, les juges de la Cpi donnent à l’Accusation jusqu’au 15 novembre pour compléter son dossier en fournissant des informations ou des éléments de preuves supplémentaires, estimant que les preuves préalablement présentées n'étaient pas suffisantes pour étayer les charges alléguées.
Cela avant de décider de la tenue ou non d’un procès contre Laurent Gbagbo. Mais depuis le début du mois de novembre, le calendrier du procès a été bouleversé avec l'obtention par la Procureure d'un délai supplémentaire pour la présentation de nouvelles preuves. Toutes ces situations, il faut le dire, ne font pas fléchir les partisans de l'ancien président ivoirien qui croient dur comme fer en sa libération.
En témoigne une journée d'hommage et de soutien qui sera rendu par le FPI à son fondateur, ce samedi 30 novembre 2013, à son siège, à la Riviera Attoban à Abidjan. Au programme, une conférence-débat qui portera sur la vie et le combat du président Laurent Gbagbo prononcée par le 1er vice-président du FPI, Sangaré Aboudramane.
Cyrille DJEDJED
Justice internationale: Il y a 2 ans, Gbagbo était transféré à la CPI - Photo à titre d'illustration