Abidjan- L’année 2014 aura été marquée par un acte politique majeur dont le point d’ancrage est l’’’Appel de Daoukro’’ lancé par le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, le 17 septembre, lors du meeting de clôture de la visite d’Etat du Président Alassane Ouattara et qui vise à ne soutenir que la candidature de l’actuel chef de l’Etat au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) lors de l’échéance électorale de 2015.
En visite d’Etat dans le district des Savanes, M. Ouattara avait annoncé qu’il sera candidat à cette élection présidentielle pour un second mandat. Cette volonté a été réaffirmée dans les régions de Gbèkè et du Bélier, en novembre et décembre 2013.
A cet effet, il avait réitéré ses remerciements au peuple Baoulé qui a grandement contribué à son élection à la magistrature suprême en 2010. «Votre soutien a été décisif», a-t-il dit. Il a adressé un remerciement spécial au président Bédié qui avait, dans l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2010, appelé les militants de son parti à reporter leurs suffrages sur le leader du Rassemblement des républicains (Rdr).
Auparavant, l’ancien chef de l’Etat ivoirien avait réuni, le 15 novembre 2010, la chefferie traditionnelle et l’ensemble des corps constitués du V Baoulé à Yamoussoukro, la capitale politique et administrative et village natal du premier président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, pour passer la consigne de vote.
Fidèle à son réalisme politique, Alassane Ouattara a exprimé sa gratitude à ses ‘’alliés’’ Baoulé. Le scrutin présidentiel de 2015 approchant à grands pas et s’étant instruit de l’efficacité du premier acte (la consigne de vote communautaire), il sollicite à nouveau sa coalition, au nom d’une conscience et d’un consensus national autour de sa candidature.
Daoukro ou la confirmation du duo Bédié-Ouattara
« Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine. Je demande à toutes les structures du Parti démocratique de Côte d’Ivoire et des partis composants (…) de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle, sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre », avait lancé, du haut de la tribune, le président Bédié lors du meeting qui a clôturé la visite d’Alassane Ouattara dans la région de l’Iffou dont Daoukro est le chef-lieu.
« L’objectif d’une telle candidature est double : assurer le succès du RHDP aux élections de 2015 et aboutir à un parti unifié dénommé PDCI-RDR pour gouverner la Côte d’Ivoire, étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020 », avait-il souligné.
Cette déclaration faite devant une foule considérable, prise subitement dans une liesse populaire, était très attendue à 13 mois du scrutin. Le PDCI de M. Bédié, deuxième force politique de la majorité, s’est montré divisé entre les partisans d’un soutien total à l’actuel chef de l’Etat et les tenants d’une candidature PDCI.
Après avoir brièvement enlacé M. Bédié, Alassane Ouattara lui a longuement tenu la main, avant de remercier son "cher grand-frère", un aîné qu’il vouvoie et qualifie de "modèle".
Le RHDP se présente en rangs serrés derrière son leader dans un scrutin crucial pour l’apaisement du pays, après une décennie de crise politico-militaire et la présidentielle sanglante de 2010 ponctuée par plus de 3.000 morts.
En s’effaçant au profit de Ouattara, le leader du PDCI a assuré poursuivre un objectif double : "assurer le succès" de la coalition au pouvoir en 2015, mais surtout créer un parti "unifié" pour "gouverner" le pays, "étant entendu que ces deux partis sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020".
Mais ce qui apparait comme une déclaration mettant fin à toutes supputations quant à une candidature PDCI suscite une levée de boucliers dont le député de Port-Bouët, Kouadio Konan Bertin, dit KKB, s’est fait le porte-voix, affirmant que le PDCI aura son candidat en 2015, conformément aux résolutions du dernier congrès de ce parti tenu en octobre 2013.
Depuis lors, il a annoncé sa propre candidature à cette élection, suivi en cela par l’ambassadeur Essy Amara, Kabran Brou Jérôme et Charles Konan Banny, ex-président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), tous membres du parti cinquantenaire.
Le principal parti d’opposition, le Front populaire ivoirien (FPI), en proie à une lutte interne, est divisé entre partisans de Laurent Gbagbo, en détention à la Cour pénale internationale (CPI), à la Haye, et ceux de Pascal Affi N’Guessan, l’actuel président, pour prendre les rênes de ce parti.
Le congrès de cette formation politique prévu à la mi-décembre a été reporté à une date ultérieure par la justice ivoirienne, après avoir été saisie par Affi N’Guessan qui réclamait l’invalidation de la candidature de Laurent Gbagbo. Un litige juridico-médiatique qui a connu son épilogue mardi, avec l’infirmation de la candidature de Laurent Gbagbo. Toutefois, l’avocat du fondateur et premier président du FPI entend faire appel de cette décision.
En définitive, l’élection de 2015 devra être exemplaire. Ce qui suppose la présence au scrutin du FPI. La mise en place effective de la Commission électorale indépendante (CEI) et le bouclage du dernier Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) dont les résultats ont été publiés récemment, révélant que plus de 23 millions de personnes vivent en Côte d’Ivoire, devraient contribuer à la bonne tenue de ce scrutin présidentiel.
(AIP)
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L’’’Appel de Daoukro’’, acte politique majeur en 2014