Lundi 3 mars à 14h40 (heure locale), une explosion a eu lieu dans le métro de Saint-Pétersbourg, en Russie. La déflagration, qui a fait au moins 14 morts et une quarantaine de blessés, a eu lieu dans un wagon entre deux stations. Le conducteur du métro n'a arrêté la rame qu'à la station suivante, ce qui a permis d'accélérer l'évacuation des victimes. Une enquête pour actes terroristes a été ouverte. Les services de sécurité du Kirghizistan s'orienteraient vers la piste d'un homme originaire de leur pays.
Un nom circule désormais, celui d’un homme qui pourrait être l’auteur de l’attentat. Il s’agit d’un Kirghize probablement détenteur de la citoyenneté russe. Les autorités kirghizes l’ont identifié, et cherchent à remonter le fil de ses relations. Il est originaire de la ville de Osh au sud-ouest du Kirghizstan, non loin de la frontière ouzbèque, une région agitée par les mouvements islamistes.
La thèse de l'attentat-kamikaze pas encore établie
Toutefois, le comité d’enquête russe, repris par l’agence Interfax précise que l’homme est seulement suspect et que toutes les pistes sont examinées. En effet, dans un premier temps, les enquêteurs ont exclu l’hypothèse d’un kamikaze. Et cela d’autant qu’une deuxième bombe a été désamorcée dans une autre station de métro. Elle était dans un extincteur dans un sac, et n’était nullement transporté par un kamikaze. Selon le journal russe, Kommercant, les services spéciaux de Saint-Pétersbourg ont empêché l’explosion de cette bombe en bloquant les téléphones portables des suspects, car ils devaient déclencher cette bombe à distance.
A l'origine de cette piste, l'identification du corps d'un jeune ressortissant d’Asie centrale, trouvé dans la rame du métro qui a explosé, et qui aurait pu être le porteur de bombe qui a explosé. Le suspect serait en lien avec des combattants syriens et des groupuscules islamistes interdits en Russie.
Cet attentat n’a pas été perpétré à une heure de grande affluence dans le métro. A 14h40, ce n’est pas l’heure d’entrée ou de sortie du travail. En revanche, le fait qu’il ait eu lieu alors que Vladimir Poutine était dans la ville, constitue un vrai défi pour le président russe qui suit l'enquête « en temps réel » précise le Kremlin.
Le groupe Etat islamique avait appelé à cibler la Russie
L’attentat n’a pas été revendiqué, mais il survient alors que l'organisation Etat islamique a appelé à frapper le territoire russe, après l'intervention de Moscou en soutien aux forces de Bachar el-Assad en Syrie. Une intervention elle-même déclenchée après l'explosion en plein vol, en 2015, d'un avion reliant l'Egypte à la Russie avec 224 personnes à bord. Un attentat revendiqué à l'époque par le groupe EI.
Ces dernières années, des centaines d'islamistes du Caucase ou d'Asie centrale ont rejoint les rangs de l'Etat islamique au Moyen-Orient, rappelle Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe et chercheur associé à l'Iris. « Les autorités russes les évaluent à environ 2 000, et 5 000 si on ajoute les ressortissants des Etats d’Asie centrale post-soviétique », explique-t-il.
« Evidemment, ajoute le chercheur, certains ont probablement été tués, d’autres partent. L’ordre de grandeur généralement évoqué, c’est entre 1 500 et 2 500 pour ce qui concerne les ressortissants de la Fédération de Russie. Originaires du Caucase, mais pas seulement. Là aussi, il y a quelques individus ethniquement russes, convertis et qui sont encore plus dangereux, je dirais, parce que plus difficilement identifiables. »
Attentat de Saint-Pétersbourg : la presse désigne le groupe Etat islamique
Le journal Kommercant qui titre, « La ligne noire » écrit que les terroristes ont essayé de commettre un double attentat. Mais ils n’ont réussi que partiellement, grâce à la vigilance des services spéciaux qui ont bloqué les portables, les empêchant ainsi d’actionner leur bombe qui se trouvait dans un extincteur dans un sac noir. D’après ce journal, les services spéciaux de Saint-Pétersbourg savaient que le groupe EI préparait quelque chose, mais ils n’ont pas eu le temps de démanteler le réseau. Après la première explosion, ils auraient bloqué les numéros de portable dont ils avaient connaissance.
Le quotidien RBK a préféré interroger des experts. L’un d’eux estime que le métro est très vulnérable partout, et qu'il faut plutôt travailler sur le renseignement que sur les mesures de sécurité. Le journal note aussi que Saint-Pétersbourg est un symbole, et que l’attentat a eu lieu alors que Vladimir Poutine était dans la ville. Il s’agit du premier attentat sur le sol de la métropole du nord qui avait été endeuillée en octobre 2015 quand un avion charter en provenance de Charm el-Cheikh et à destination de Saint-Pétersbourg s’était écrasé au sol, faisant 224 victimes. L’attentat avait été revendiqué par le groupe Etat islamique. Pour un politologue interrogé par le journal, cet attentat va changer la réalité politique en Russie. On va reparler de sécurité, et moins de l’économie ou de la corruption.
Les secours rassemblés devant la station de métro Sennaya Ploshchad à Saint-Pétersbourg, après l'explosion survenue dans un wagon, le 3 avril 2017. REUTERS/Anton Vaganov