Célébrée depuis des siècles dans le monde entier, la fête des mères est commémorée ce dimanche dans plusieurs pays dont la Côte d’Ivoire. Petit aperçu d'une histoire…
"Ta Maman a tout fait pour toi... Le Maréchal te demande de la remercier gentiment", ce slogan inscrit sur des affiches placardées peu avant le 25 mai 1941 en France, a contribué à tromper l'imaginaire collectif. En réalité, le régime de Vichy n'a pas inventé la fête des Mères, il l'a simplement institutionnalisée en l'inscrivant au calendrier officiel.
Cette pratique remonte en fait à bien plus loin. Les Égyptiens célébraient déjà Isis, la déesse funéraire ayant sur la tête un disque solaire encastré entre des cornes de taureau. Après avoir ressuscité son frère et époux Osiris, tué par leur frère Seth, elle donna naissance à Horus, le premier des rois d'Égypte. Elle était de ce fait considérée comme la mère des pharaons, et donc de l'Égypte.
Quelques siècles après, les Grecs organisaient des festivités en l'honneur de Rhéa, la mère de Zeus et grand-mère des dieux. Celle-ci, épouse du titan Cronos, avait sauvé son fils en ne le donnant pas à dévorer à son mari à sa naissance, contrairement à ses autres enfants. C'est donc la mère salvatrice qui était célébrée en Grèce, puis dans toute l'Asie Mineure, aux ides de mars (le 15 mars).
L'Empire romain reprit cette idée de magna mater aux Grecs en fêtant les mères de famille chaque 1er mars, durant les "matronales". Oubliée un temps, la fête en l'honneur des mères réapparaît au XVe siècle en Angleterre, quelque temps avant de connaître un essor mondial.
Aujourd'hui, en France, la fête des Mères est célébrée le dernier dimanche de mai, conformément à un article du Code de l'action sociale et des familles. Le texte précise par ailleurs que la fête doit être déplacée au premier dimanche de juin si la date originelle coïncide avec la Pentecôte.
Si, de nos jours, l'image de cette fête est associée aux colliers de nouilles et aux fleurs, il n'en a pas toujours été ainsi. L'objectif était d'abord de magnifier la patrie, la République et ses mères créatrices. L'idée émergea en 1906, à Artas (Isère), où une fête vit deux mères de neuf enfants recevoir un diplôme de "haut mérite maternel". Après la Première Guerre mondiale, en décembre 1920, le gouvernement décréta une "fête des Mères" afin de soutenir la politique nataliste française. Les mères, selon leur nombre d'enfants, recevaient des décorations. Pour la médaille d'or, la barre était à huit enfants ou plus.
Puis, en 1941, Pétain officialisa cette fête afin de placer la famille au cœur de son projet pour la France. Outil de sa propagande, comme l'explique Rémi Dalisson dans La Propagande festive de Vichy. Mythes fondateurs, relecture nationaliste et contestation en France de 1940 à 1944, la fête fut mise à profit pour rebâtir le pays selon le triptyque "travail, famille, patrie". "La famille est la cellule essentielle et l'assise même de l'édifice social, c'est sur elle qu'il faut bâtir", déclara ainsi le préfet de Seine-Inférieure en 1942, mettant de fait la génitrice au cœur de la société.
Populaire et commerciale. Aujourd'hui ancrée dans les mœurs, la fête des Mères a perdu sa dimension "politico-religieuse" au détriment d'un aspect plus commercial.
Plébiscitée par une majorité de personnes, la fête des Mères s'est étendue aux autres membres de la famille. En France, la fête des Pères a ainsi été créée en 1952. Elle est cependant moins populaire que son pendant féminin, selon le sondage pour LSA : 69,9 % des pères (seulement) recevront un cadeau. La fête des Grands-Mères a également été créée en 1987 et les États-Unis ont même instauré une fête des frères et soeurs ("Siblings Day") en 1997.
L’origine de la fête des Mères - Photo à titre d'illustration