Les autorités sécuritaires ivoiriennes ont décidé depuis plusieurs jours de retrousser les manches contre le racket routier et les barrages militaires illégaux.
Plusieurs hauts responsables civils et militaires ont entamé des tournées sur le territoire pour contrôler la fluidité de la circulation des biens et des personnes et donner un coup de frein à ces deux phénomènes sociaux.
Lors d'une récente mission d'inspection récente au sud-est du pays, le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi a réitéré les consignes strictes du gouvernement relatives aux rackets et barrages illégaux.
M. Koffi Koffi a fait démanteler plusieurs barrages militaires illégaux et ordonné l'arrestation de plusieurs soldats indélicats qui rançonnaient des populations sur des axes routiers.
"Les forces de sécurité et de défense doivent être des modèles pour les populations. Elles doivent les rassurer au lieu de les brimer ou de leur extorquer de l'argent", a noté le ministre, mettant en garde contre ces "comportements intolérables".
De son avis, les corps militaires et paramilitaires se doivent de se réconcilier avec la population afin de l'encourager à collaborer avec les forces sécuritaires en dénonçant les personnes et mouvements suspects.
Lors d'une cérémonie d'inauguration de bases de police samedi à Duékoué (ouest), le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité Hamed Bakayoko a aussi exhorté les policiers ivoiriens à travailler dans la probité et la responsabilité.
Selon lui, les forces de sécurité doivent se détourner des mauvaises pratiques telles que les tracasseries routières, les extorsions de fonds, les bavures et les abus et adopter un comportement nouveau qui va effacer les récriminations des Ivoiriens.
Le ministre a réitéré l'engagement du gouvernement ivoirien à oeuvrer pour la sécurisation de la population en misant sur des moyens adéquats et des ressources humaines compétentes et intègres.
DÉTRUIRE LES POCHES DE RÉSISTANCE
Au cours d'une conférence mardi à Abidjan, Michel Kanga, enseignant de Droit dans une université d'Abidjan, a fait état de la nécessité de détruire "les poches de résistance" du racket en Côte d'Ivoire.
"Les autorités font ce qu'elles peuvent mais il y a encore des éléments réfractaires parmi les agents de sécurité. Il faut traquer ceux-là et les mettre au pas", a préconisé M. Kanga.
"On doit penser à la réinsertion effective des ex-combattants démobilisés car certains parmi eux érigent des barrages improvisés pour racketter quand ils ont faim ", a-t-il ajouté.
Celui-ci s'est toutefois s'est réjoui des réformes engagées dans le secteur de la sécurité qui sont en train de porter des fruits.
"Comparativement aux années précédentes, le racket a baissé en intensité. Le rythme des actions de sensibilisation et surtout de répression doit se poursuivre", a-t-il conclu.
La problématique du racket routier et des barrages illégaux persiste en Côte d'Ivoire, amenant les autorités à renforcer la lutte contre ce fléau préjudiciable aux populations et à l'Etat.
Selon le ministère ivoirien de l'économie et des finances, le racket représente 35 à 50% des pertes en investissement.
Une étude menée par la Banque mondiale en 2008 a par ailleurs révélé que l'Etat ivoirien perd en moyenne 350 milliards de FCFA ( environ 500 millions d'euros) par an en raison du racket.
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