La Côte d’Ivoire au Fespaco: «Innocent malgré tout», la violence sans filtre

  • 03/03/2017
  • Source : Rfi
Leur long métrage figure parmi les 14 films ivoiriens présents dans les différentes compétitions de la 25e édition du plus grand festival de cinéma africain.

Avec respectivement 22 et 26 ans, les jeunes Ivoiriens Samuel Codjovi et Jean De Dieu Kouamé Konan sont les plus jeunes réalisateurs en lice pour l’Etalon d’or de Yennenga.

Dans Innocent malgré tout, ils montrent la violence à l’état pur et sans aucun filtre au point que quelques spectateurs ont quitté la salle face à des images insupportables semblant souvent être gratuites. Pourquoi cet enchaînement de scènes de torture contre un innocent au commissariat ? Entretien avec les cinéastes.

RFI : Innocent malgré tout raconte l’histoire de Karus, un jeune ramasseur d’ordures paumé. Il est injustement accusé d’avoir participé à un viol collectif d’une fille, en l’occurrence la fille d’un ministre. Sous l’ordre de cet homme du pouvoir, il sera torturé pendant des jours. La seule chose qui compte n’est pas la vérité, mais d’avoir un « coupable ». L’idée du film est-ce de dire : être jeune et marginalisé signifie de ne pas avoir de droits  ?

Samuel Codjovi : En réalité, être marginal ne signifie pas de ne pas avoir des droits. Mais nous sommes dans un monde où l’on a remarqué qu’être marginalisé, c’est comme si on n’existait pas, comme si on était mis hors du monde. C’est un grand constat.

L’absence de l’Etat de droit est omniprésente dans votre film. L’innocent ne dispose d’aucun droit. Il peut être accusé et torturé sans aucune limite. Pourquoi avez-vous tellement appuyé sur ces scènes de violence et de torture ?...