Le pays d’Afrique de l’ouest connaît la plus forte croissance du continent, mais son taux de pauvreté n’a que faiblement reculé, passant de 48,9% à 46,3%
La Côte d’Ivoire attire les investisseurs. Depuis la fin de la guerre civile de 2010-2011, le pays d’Afrique de l’Ouest aux 24 millions d’habitants affiche une vigueur économique impressionnante qui semble s’inscrire dans la durée: après avoir enregistré entre 8% et 9% de croissance sur la période 2012-2015, la Côte d’Ivoire devrait croître à nouveau de plus de 8% en 2016. Le taux le plus élevé du continent africain.
Le succès des émissions obligataires Eurobond en 2014 et 2015 et l’ouverture d’un bureau régional de la Banque Européenne d’Investissement à Abidjan en 2016 témoignent de l’engouement croissant que suscite le premier producteur mondial de cacao auprès des investisseurs.
Dissonances sur le miracle ivoirien
Ce regain d’attractivité s’explique principalement par la normalisation du contexte politique, une monnaie stable et un climat propice à la production agricole, mais aussi par l’amélioration du climat des affaires grâce à la promotion d’un cadre favorable à l’investissement. En abritant la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières et plus d’une vingtaine de banques, Abidjan est de plus la première place financière de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine.
Alors qu’un certain nombre d’observateurs évoquent déjà le retour du «miracle ivoirien», des voix dissonantes se font néanmoins entendre: les retombées économiques et sociales seraient insuffisantes, en particulier auprès des franges les plus pauvres de la population. En effet, entre 2008 et 2015, le taux de pauvreté n’a que faiblement reculé passant de 48,9% à 46,3%. La question se pose alors avec acuité: la croissance ivoirienne bénéficie-t-elle à tous?
Les conditions de l’inclusion
Une croissance inclusive est possible à condition que les chantiers prioritaires s’accélèrent et que le secteur privé évolue dans un cadre qui lui permette de jouer pleinement son rôle. Dans un contexte d’explosion démographique, l’éducation et la formation demeurent un vecteur de développement puissant. Les investissements massifs engagés par le pays dans ces domaines vont dans le bon sens et doivent être poursuivis.
Les enjeux démographiques imposent par ailleurs le développement d’infrastructures permettant de favoriser l’intégration des zones rurales et d’accélérer les échanges régionaux. Le corridor autoroutier Abidjan-Lagos ainsi que le projet d’aménagement routier entre le Mali et la Côte d’Ivoire contribuent à la poursuite de ces objectifs.
Le secteur financier a également un rôle crucial à jouer en drainant l’épargne domestique vers les PME et les porteurs de projets à la base de la pyramide. La microfinance constitue à ce titre un outil de développement essentiel en rendant accessible aux populations défavorisées une palette diversifiée de services financiers (crédit, épargne, assurances et moyens de paiement).
Photo à titre d'illustration:DR