La Côte d’Ivoire franchit une étape importante dans la lutte contre la rage (Etude)

  • 30/09/2018
  • Source : APA
Les résultats de deux années de recherche (2016-2018) sur l’évaluation du poids de la rage ont permis à la Côte d’Ivoire de franchir une étape importante dans la stratégie de lutte contre la maladie, annonce le Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire (CSRS), dans un communiqué, transmis, vendredi à APA.

Selon l’étude menée par le CSRS et ses partenaires dont l’Institut Suisse de santé publique tropicale, la Direction des Services Vétérinaires, le Laboratoire National d’Appui au Développement Agricole et l’Institut National d’Hygiène Publique, « la Côte d’Ivoire s’engage dans la planification stratégique de la lutte antirabique conformément à l’approche raisonnée de l’élimination de la rage ».

La population canine en Côte d’Ivoire, souligne l’étude, est estimée à « 2 millions d’habitants, dont 10% sont sans propriétaire, 79% sont en zone rurale et seulement 9% sont vaccinés contre la rage ».

Selon le professeur Bassirou Bonfoh, Directeur d’Afrique One-ASPIRE et investigateur principal du projet Rage-GAVI, « l’obtention de cette information est une avancée positive dans la lutte contre la rage. Car, si vous connaissez la population exacte à couvrir, vous pouvez planifier efficacement la vaccination des chiens », rapporte le communiqué.

Cependant, déplore l’étude, bien que la rage soit évitable, il est difficile de comprendre pourquoi en Côte d’Ivoire, 18 personnes meurent de la rage chaque année.

« La population rurale enregistre plus de 60% des décès. Le sud-ouest de la Côte d’Ivoire est le plus touché par la maladie. Les enfants de 9 à 14 ans sont les principales victimes et représentent la moitié (50%) des victimes chaque année », comptabilise l’étude.

De plus, indique-t-on, le nombre de morsures de chien est de 2 pour 1000 personnes. « Ce qui expose plus de 50 000 personnes à la mort. La menace est donc bien réelle surtout que 97% des chiens mordeurs ne sont pas vaccinés », préviennent les auteurs de l’étude.

« Bien que la rage soit incurable et mortelle à 100%, une grande partie de la population n’en est pas consciente. Un important travail de sensibilisation sur les facteurs de la rage et le comportement à adopter en situation d’exposition », recommandent-ils.

Selon eux, il est essentiel de signaler toutes les morsures de chien pour des soins urgents, regrettant que a moitié de ceux qui signalent des morsures ne terminent pas leur traitement en raison du coût élevé du traitement post-exposition.

« Deux protocoles (Essen, Zagreb) sont utilisés en Côte d’Ivoire pour le traitement post-exposition. Chaque dose coûte 8.000 FCFA. Selon le protocole choisi, le patient paiera une somme allant de 32.000 FCFA à 40.000 FCFA selon le type de protocole. Dans le cadre du projet Rage-GAVI, le protocole de la Croix-Rouge Thaïlandaise a été testé et validé avant sa recommandation par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en plus des deux autres », révèle l’étude.

Les principales raisons en sont qu’il est moins cher, moins douloureux et appliqué en moins de temps.

« La prochaine étape consiste pour la Côte d’Ivoire d’introduire ce troisième protocole dans son système de santé. Les experts appellent les autorités sanitaires ivoiriennes à veiller à ce que la nouvelle stratégie d’adoption de ce protocole intervienne le plus rapidement possible pour sauver des vies en réduisant le nombre de personnes perdues de vue », alerte le document faisant remarquer que « plus de 70% de la vaccination des chiens peut mener à l’élimination de la rage, aucune autre façon ». Car, selon les experts, « il n’y a pas de rage humaine sans rage canine ».

Selon le Prof Bonfoh, le scénario de la stratégie d’élimination du coût de la rage est de 25 milliards FCFA, « ce qui est abordable pour un pays émergent ayant pour priorité l’élimination de la rage d’ici 2030. Cela reste possible si la Côte d’Ivoire adopte le nouveau protocole d’accord recommandé par l’OMS », conclut l’étude menée grâce au soutien de la fondation GAVI et du consortium de recherche Afrique One-ASPIRE, précise-t-on.

HS/ls/APA