La féminisation des forces armées préoccupe les autorités ivoiriennes qui entendent tout mettre en oeuvre pour relever le défi.Lors d'une table-ronde mercredi à Abidjan, la ministre ivoirienne de la Solidarité Anne Désirée Ouloto a dressé un tableau peu reluisant concernant la présence féminine dans le secteur des forces de défense et de sécurité.
Le secteur de la sécurité et de la défense emploie plus d'hommes et de femmes, et le ratio des femmes dans le secteur de la sécurité est très faible, selon des constats.
Cette dénonciation s'est poursuivie lors de la célébration de la Journée internationale de la femme samedi à Grand Bassam où la ministre de la Solidarité et plusieurs autres leaders féminins ont encore mis le doigt sur la plaie.
La police a donné le ton de la féminisation où plusieurs femmes sous-officiers, officiers et commissaires de police exercent.
Toutefois, taux jugé faible car selon des statistiques officielles, les femmes représentent 12 % des effectifs de la police, 1% des effectifs des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, militaires), 2% des agents des Eaux et forêts.
La gendarmerie constitue la lanterne rouge avec 0 % de femmes.Face à ce fait, la ministre de la Solidarité Anne Désirée Ouloto et sa collègue de Santé Raymonde Goudou Coffie ont dénoncé " l'attitude réfractaire" de la gendarmerie à l'entrée des femmes dans ses rangs, qu'elles jugent comme une entrave à l'évolution du genre.
Exprimant sa fierté de voir les femmes qui ont pu intégrer les autres corps des forces de défense et de sécurité, Mme Ouloto a indiqué que l'amélioration de la condition de la femme est un " processus irréversible auquel personne ne pourra échapper".
Le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi en charge de la gestion des forces de défense a assuré samedi que de profondes réformes sont en cours en faveur de la promotion de la femme dans les armées.
Pour celui-ci, le gouvernement a déjà pris des mesures urgentes en permettant l'accès des jeunes filles dans des structures de formation militaire tels que l'Ecole militaire préparatoire technique (EMPT), l'Ecole nationale des sous-officiers d'active ( ENSOA) et l'Ecole des forces armées (EFA).
" Il ne reste plus que la gendarmerie et le président de la République a déjà pensé à cette possible féminisation. Le gouvernement veut faire en sorte que l'intégration des femmes à la gendarmerie soit faite prochainement ", a noté M. Koffi Koffi, appelant les femmes à la patience.
"Toute décision doit prendre en compte trois dimensions, notamment le cadre juridique, la valeur morale et la culture", a-t- il souligné.La bataille de la féminisation se veut une bataille tous azimuts, où les autres secteurs d'activités civils veulent en faire une réalité.
A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, la présidente de la coalition des femmes leaders Mariam Dao Gabala a indiqué que la bataille de l'émergence se gagnera avec l'implication de femmes.
A en croire Mme Dao Gabala, à ce jour 15 % des entreprises dirigées par des femmes."Ce taux peut être plus important car beaucoup de femmes sont dans le secteur informel", a-t-elle relevé, invitant les femmes à créer davantage d'entreprisses pour accompagner l'émergence du pays.
La présidente de la coalition nationale des femmes leaders s'est réjouie de ce que lors de son message au monde à l'occasion de la célébration samedi de la Journée internationale des femmes, le Secrétaire général de l'Organisation des Nations-Unies (ONU) Ban Ki Moon ait présenté l'égalité des genres comme facteur de croissance.
Pour plusieurs autorités et responsables d'organisations féminines, les institutions militaires et civiles doivent désormais s'inscrire dans la dynamique de la féminisation, et la valorisation des compétences féminines doit être une réalité tangible.
La Côte d'Ivoire veut relever le défi de la féminisation des forces armées. - Photo à titre d'illustration