Quatre juges de la Cour suprême indienne ont donné ce vendredi une conférence de presse révélant de graves dysfonctionnements au sein de cette institution, et accusant le président de la cour de violer les règles. Des violations qui pourraient remettre en cause toute son indépendance. La crise est ouverte et pourrait faire chanceler l'un des piliers de la démocratie indienne.
C'est une attaque frontale et inédite contre le président de la Cour suprême. Quatre éminents juges de cette cour l'accusent d'enfreindre les règles d'attribution des affaires, définies généralement par ordre d'ancienneté des juges.
Des avocats s'étaient déjà révoltés ces derniers mois contre le transfert soudain et sans raison de dossiers importants d'un juge à un autre.
Ces changements arbitraires par le président pourraient indiquer qu'il existe un système de corruption au sein de la plus haute cour indienne, qui permettrait à certains plaignants d'influencer ce président de la cour pour choisir un juge plus favorable à leur cause.
Système politique fragilisé
Les accusations, portées par de tels magistrats, sont sérieuses et secouent l'un des piliers de la démocratie indienne, car la Cour suprême représente l'un des plus importants contre-pouvoir au gouvernement : c'est elle qui a par exemple condamné des ministres dans des affaires de corruption historiques, et qui doit bientôt se prononcer sur la légalité de la plus grande base de données biométriques au monde, constituée à marche forcée par le gouvernement indien malgré les possibles atteintes envers les libertés individuelles.
Un journaliste installe sa caméra devant la Cour suprême indienne, en 2014. Reuters/Anindito Mukherjee/Files