Quatre ex-gardes de corps de l’ancien Chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, dont Me Patrice Bahi, ont été transférés samedi de Korhogo (extrême nord) à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). Un transfert intervenu alors que la CPI tente d'accélérer le jugement de l'ancien président Laurent Gbagbo.
Après trois années passées dans les geôles de la CTK à Korhogo, quatre membres de la garde rapprochée du président Laurent Gbagbo, Me Baï Drepeba Patrice, Djekoui Aimé, Ziga Kaka Jean-Louis et Ozi Nathanael, ont été transférés depuis samedi, à la Maison de correction d’Abidjan, en attendant de passer dans les prochaines semaines, devant le juge.
Ce changement permet de les rapprocher de leurs proches pour qui ce transfert constitue sans doute une bonne nouvelle. Les trois détenus restent dans l’attente d’une liberté provisoire. Pour rappel,tous été arrêtés à la résidence officielle des Gbagbo, le 11 avril 2011, où ils veillaient jusqu’au bout, sur la sécurité de l’ex-chef de l’Etat aujourd’hui détenus à la Haye.
L’ancien président Laurent Gbagbo est dans l’attente de son procès et il semblerait que la Cour pénale internationale soit déterminée à faire avancer le dossier. La Procureure générale de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a demandé la remise de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo à une chambre de première instance pour son procès. Depuis le mois de juin dernier, le jugement de l’ancien président ivoirien est à la traîne.
En cause, les carences du dossier. Les juges de la CPI avaient indiqué à Mme Bensouda, qu’ils avaient besoin de preuves supplémentaires pour décider de mener ou non un procès contre Laurent Gbagbo pour son rôle présumé dans les violences qui avaient déchiré la Côte d’Ivoire de décembre 2010 à avril 2011. M. Gbagbo, poursuivi pour des crimes contre l’humanité lors de cette crise ayant fait plus de 3000 morts est détenu depuis fin novembre 2011 à la Haye.
Blé Goudé et Gbagbo, même traitement?
Par ailleurs, la CPI a tenu une conférence jeudi 1er mai sur le cas de Charles blé Goudé, l’ex-leader des jeunes patriotes et proche de Laurent Gbagbo transféré à la Haye depuis mars dernier. L’audience de l’ancien leader des jeunes patriotes portait sur des questions de procédures.
Lors de sa première audience le 27 mars 2014, l’avocat principal de l’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, avait demandé une mise en liberté provisoire de son client accusé de crimes contre l’humanité. La confirmation ou l’infirmation des charges à l’encontre de Charles Blé Goudé est prévu en août prochain. Là aussi, il semble que l’on s’achemine vers une longue procédure en raison des difficultés à rassembler les preuves contre lui.
Ce que la CPI et la défense de Blé Goudé souhaitent éviter. Un accord aurait été conclu entre le bureau du procureur et la défense de Charles Blé Goudé pour éviter les reports incessants comme cela fut le cas dans l’Affaire Gbagbo.
En Côte d’Ivoire, la réconciliation nationale reste encore un défi pour le pouvoir en place dans un contexte politique marqué par une rupture du dialogue avec l’opposition et le Front populaire ivoirien, le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo. Trois ans après le massacre de Duékoué durant la crise post-électorale de 2010-2011, la justice ivoirienne n’a toujours pas désigné les coupables alors que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) sont pointées du doigt.
Dans un rapport publié par Human Rights Watch, il y a un an, l’ONG reprochait au gouvernement ivoirien de ne pas avoir encore honoré sa promesse de renforcer une justice impartiale pour que les graves crimes internationaux perpétrés par les deux camps lors de la crise post-électorale de 2010-2011 ne restent pas impunis.
Véronique Mansour
La CPI dans l’embarras faute de preuves contre Gbagbo et Blé Goudé - Photo à titre d'illustration