Tunis s’engage, sans toutefois avancer de date, à ne plus imposer le test anal aux personnes poursuivies pour homosexualité. Un petit pas sur le long chemin de la dépénalisation.
« Le test anal pourra être demandé par un juge mais la personne sera en droit de le refuser. » Cette précision du ministre des Droits de l’homme intervient après l’engagement pris ces derniers jours auprès de l’ONU par le gouvernement tunisien de cesser ces examens médicaux en cas d’accusation d’homosexualité.
Les Nations unies considèrent depuis 2014 ce type de tests médicaux comme un acte de torture, punissable. Il représente une violation de l’intégrité physique de la personne et de la dignité humaine. L’article 230 du Code pénal tunisien - qui date de 1913, période de colonisation française - condamne, dans le texte français, la sodomie et dans le texte arabe, les relations homosexuelles.
C’est la base de la législation punissant l’homosexualité de trois ans de prison. Une loi très souvent brandie à l’époque Ben Ali pour faire taire les voix dissidentes.
En mai dernier, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a listé 248 recommandations pour améliorer les droits de l’homme en Tunisie : 189 ont été acceptées. La fin du test anal est la seule réponse à la demande d’abroger la condamnation de l’homosexualité.
La révolution de 2011 a certes libéré la parole et assoupli la chape de plomb qui pesait sur la communauté LGBT. Mais dès 2012, le ministre de la Justice de l’époque comparait l’homosexualité à une perversion et à une maladie mentale.
L’an dernier encore, plusieurs condamnations pour homosexualité ont été prononcées par la justice tunisienne. Le ministre des Droits de l’homme, Mehdi Ben Gharbia, justifie la lenteur du processus de dépénalisation en affirmant qu’il faut d’abord « préparer la société civile. »
En Tunisie, la révolution de 2011 a assoupli la chape de plomb qui pesait sur la communauté LGBT, mais le processus de dépénalisation reste lent. © Getty Images / WOJTEK RADWANSKI