Le 6 février 2022, à Mama, Laurent Gbagbo a une fois de plus invité le président Ouattara à libérer les prisonniers militaires.
Voici une partie de son intervention.
"La deuxième remarque concerne les prisonniers militaires. Mais tant qu’ils sont en prison, chaque fois que j’ai un micro, je parlerai d’eux. Pourquoi sont-ils en prison ? Pourquoi les militaires sont ils encore en prison aujourd’hui ? Et puis les gens disent « les militaires de Gbagbo ». Ce ne sont pas les militaires de Gbagbo, je n’ai pas une école de formation militaire. Ce sont les militaires de l’armée ivoirienne que j’ai trouvé là.
Pourquoi sont-ils en prison encore aujourd’hui ? on a un conflit post-électoral sur le résultat des élections. Les rebelles attaquent en partant de Toulepleu, Duékoué, pour descendre sur Abidjan. Les militaires avancent pour les stopper, c’est une bagarre entre deux groupes armés. On vient, on arrête le Chef d’Etat, je peux comprendre que le Chef d’Etat est le chef des armées.
Heureusement qu’on m’a jugé à la Haye parce que si on m’avait jugé avec ceux que vous connaissez ici, je ne sais pas mais peut être que j’aurais déjà été condamné à 60 ans de prison. Alors, on arrête le Chef d’Etat qu’on juge en utilisant toutes les pièces, et en produisant 82 témoins.
Au bout des 82 témoins à charge, les juges disent la défense ce n’est pas la peine que vous produisez vos témoins parce que les témoins à charge ont déjà déchargé l’accusé. Ce qu’ils ont dit étaient tellement, je ne veux pas être méchant, contradictoires. En plus simple, les juges ont dit que ça leur suffisait comme ça et que nous devions revenir la semaine prochaine pour le prononcé de la sentence. La semaine suivante, mon jeune collègue Blé Goudé et nous, on nous déclare acquitté.
On nous déclare acquitté de toutes les charges qui étaient portées contre nous, de déclarations de guerre, d’assassinat, donc rien. La plupart des Généraux sont passés à la barre pour témoigner. Alors, on nous relaxe, on nous acquitté et j’arrive en Côte d’Ivoire pour trouver que ceux qui obéissent à l’ordre du Président de la République, eux ils sont en prison. Mais ce n’est pas juste. L’armée n’a pas une décision propre pour déclarer la guerre.
L’armée fait la guerre quand on lui ordonne de la faire. L’armée défend le pays quand on lui ordonne de défendre le pays. Le cerveau est innocent mais les bras sont en prison. Où est-ce que vous avez vu ça. La tête est innocente mais les bras sont en prison. Cela est injuste et inacceptable. Et il faut que pour qu’il ait un minimum de justice, qu’on libère sans plus tarder les militaires qui sont en prison. Partout où je passerai je dirai cela. Parce que c’est ça la vérité."
Laurent Gbagbo