Le Mexique a décidé ce lundi 11 novembre d'offrir l'asile politique à l'ex-président bolivien Evo Morales, poussé la veille à la démission. Ce dernier a quitté le pays.
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard, le Mexique a annoncé sa décision d'accorder l'asile politique au président démissionnaire bolivien Evo Morales. « Sa vie et son intégrité physique sont menacées », a déclaré le chef de la diplomatie lors d'une conférence de presse à Mexico.
Cette décision fait suite à une demande de l'ancien chef de l'État bolivien lui-même, a précisé Marcelo Ebrard. « Il nous a demandé verbalement et de façon formelle de lui accorder l'asile politique dans notre pays », a-t-il dit. « Mexico s'est toujours distingué tout au long de son histoire pour avoir protégé ceux qui cherchaient un refuge », a-t-il encore ajouté dans sa déclaration.
Dans la nuit de lundi à mardi, Evo Morales a annoncé son départ pour le Mexique. Dans son message publié sur Twitter, il exprime sa reconnaissance envers le gouvernement de ce pays, et promet de revenir. « Cela fait mal de quitter le pays pour des raisons politiques, mais je serai toujours en attente. Bientôt, je reviendrai avec plus de force et d'énergie », écrit l'ancien président bolivien.
L'ex-président était à bord d'un avion militaire mexicain dans la nuit de lundi à mardi. Des médias locaux ont annoncé que l'appareil avait atterri dans un aéroport de la région centrale de Cochabamba, le fief du leader socialiste, après une escale à Lima, au Pérou. « Evo Morales est déjà dans l'avion du gouvernement mexicain », a confirmé le ministre mexicain des Affaires étrangères.
Ce même ministre, Marcelo Ebrard, a par la suite publié, toujours sur Twitter, une photo où l'on voit l'homme d'État bolivien effectivement dans un avion, recouvert d'un drapeau mexicain qu'il tend à deux mains (voir ci-dessous).
« Après avoir pillé et tenté de mettre le feu à ma maison à Villa Victoria, des groupes vandales des putschistes Mesa et Camacho ont fait irruption chez moi dans le quartier de Magisterio à Cochabamba. Je suis très reconnaissant à mes voisins qui ont arrêté ces raids », a pour sa part tweeté M. Morales, en référence au candidat d'opposition et au fer de lance de la révolte populaire.
« Un signal fort » pour Donald Trump
Lâché par l'armée après trois semaines de violentes manifestations contre sa réélection pour un quatrième mandat, M. Morales a présenté dimanche soir sa démission. Le socialiste indigène élu pour la première fois en 2006 était l'un des derniers représentants de la « vague rose » qui a déferlé au tournant des années 2000 sur l'Amérique latine, faisant virer à gauche le Brésil, l'Argentine, le Chili, l'Équateur et le Venezuela.
À l'annonce de sa démission, la gauche latino-américaine s'est prononcée la première pour soutenir le chef de l'État déchu. À Cuba, le régime castriste dénonce la droite bolivienne. À Caracas, le Venezuela salue le « frère président » Morales, symbole de la lutte des peuples indigènes.
Outre ceux de Cuba et du Venezuela, les dirigeants du Nicaragua, ainsi que le président élu argentin Alberto Fernandez et l'ancien président brésilien Lula, ont tous dénoncé un « coup d'État ». Craignant l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement militaire, l'Espagne a condamné un processus biaisé par l'intervention des forces armées et de la police « qui nous ramène à des époques passées de l'histoire latino-américaine ».
« Les États-Unis saluent le peuple bolivien pour avoir demandé la liberté et l'armée bolivienne pour avoir respecté son serment de protéger non un seul individu, mais la Constitution de la Bolivie », a de son côté réagi le président américain Donald Trump dans un communiqué. « Ces événements envoient un signal fort aux régimes illégitimes du Venezuela et du Nicaragua, que la démocratie et la volonté du peuple triompheront toujours », a-t-il ajouté...
Le président Morales après l'annonce de sa démission, dans un hangar de l'armée de l'air à El Alto, le 10 novembre 2019. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins