« Les partis et groupements politiques concourent à la formation de la volonté du peuple et à l'expression du suffrage », dit l’article 14 de la Constitution ivoirienne. Pour cet apport non moins négligeable dans l’édification d’une conscience citoyenne, l’Etat permet aux partis politiques de bénéficier d’une subvention pour le financement de leurs activités. C’est pourquoi, le mercredi dernier, le Conseil des ministres a adopté un projet de loi visant à apporter une aide financière aux associations politiques. La répartition de ce financement, comme le dit le communiqué du Conseil, se fera en fonction de la représentativité nationale des partis politiques. En d’autres termes, ce ne sont pas les partis politiques présents à l’Assemblée nationale seuls qui auront droit à ce soutien de la part de l’Etat. Mais toutes les formations politiques qui ont pion sur rue sur l’échiquier politique.
Chacun aura sa part du gâteau. Mais que dire des partis politiques qui, par leurs actes et leurs discours, concourent à entretenir un climat de haine et de division ? Ces partis politiques doivent-ils, eux aussi, bénéficier de la manne étatique ? La question reste posée. Car la Constitution en son article 13 est formelle : « Les partis et groupements politiques se forment et exercent leurs activités librement sous la condition de respecter les lois de la République, les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie ».
Ces dispositions qui sont pourtant assez claires sont constamment par des partis politiques comme le FPI. Pascal Affi N’Guessan a signé son retour en reprenant les thèses ivoiritaires et xénophobes qui ont fait tant de mal à la Côte d’Ivoire. « On ne peut pas laisser les étrangers envahir notre pays. Bouaké ne peut pas être la deuxième capitale du Mali », a lancé Affi N’Guessan à la face des cadres FPI du V Baoulé venus le voir à sa résidence pour le soutenir après sa libération. Pis, à chaque fois que l’occasion se présente au cours de ses tournées à l’intérieur du pays, le président du FPI ne se gênent pas à tenir des propos attentatoires à la cohésion nationale et au respect des institutions de la République.
Les allusions à l’ethnie, à la tribu et la confession ne manquent pas dans les diatribes et autres pamphlets distillés par l’inénarrable président du FPI en guise de réponses au travail remarquable abattu par le président de la République et son Gouvernement. Pourtant, le dernier alinéa de cet article 13 consacre l’interdiction de tout parti ou groupement politique créés sur la base régionale, confessionnelle, tribale, ethnique ou raciale. Le FPI n’est certes pas créé sur la base de ces critères prohibés par la loi fondamentale. Mais ses positions incitent plus au sectarisme qu’à l’émergence d’une conscience nationale. C’est la raison pour laquelle l’on est en droit de s’interroger sur l’utilité de financer ses activités avec l’argent du contribuable.
Jean-Claude Coulibaly
Le FPI mérite-t-il cet argent ? - Photo à titre d'illustration