Edouard Tiapé Kassaraté, ancien Commandant supérieur de la gendarmerie nationale ivoirienne, a révélé lundi, devant la Cour pénale internationale (CPI), avoir tenté, le 03 avril 2011, de demander à l'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo de céder le pouvoir au président Alassane Ouattara.
« Le 03 avril 2011, de façon personnelle, j'étais allé à la résidence présidentielle pour demander au président Laurent Gbagbo de remettre le pouvoir au président Alassane Ouattara. Parce que j'avais constaté qu'il y a des généraux qui n'étaient pas à leurs postes», a fait savoir M. Kassaraté qui témoigne depuis près d'une semaine devant la CPI en qualité de témoin à charge dans « l'affaire Laurent Gbagbo et Blé Goudé contre le procureur de la CPI».
Poursuivant, l'actuel ambassadeur de la Côte d'Ivoire au Sénégal a déclaré n'avoir pu porter cette doléance à M. Gbagbo. « Le problème, c'est que quand je suis rentré dans la cour de la résidence, j'ai été encerclé et menacé par des éléments de la garde républicaine. Ma garde rapprochée m'a protégé. Ils n'ont pas apprécié ma présence à la résidence présidentielle et m'ont traité de traître», a relaté le Général Kassaraté qui dit avoir aussitôt été rejoint par le colonel Ehouman Nathanaël, à l'époque chef d'état-major particulier du président, qui l'a conduit à M. Gbagbo.
«Le président Gbagbo m'a expliqué qu'il est informé de ce qui s'est passé à mon arrivée et m'a demandé de laisser tomber et je suis reparti», a-t-il ajouté. Le 28 février 2011, le général Kassaraté a également reconnu avoir été à la résidence présidentielle en compagnie du chef d'état-major de l'époque, le Général Philippe Mangou.
« Il y avait eu des échauffements entre le général Mangou et moi. Parce qu'il reprochait à la gendarmerie qu'elle ne respectait pas les ordres de l'Etat-major. Le ministre Tagro Désiré avait informé le président de cela et celui-ci nous avait convoqué à cette occasion pour nous demander de faire la paix», a justifié le Général de corps d'armée.
Des interrogations se rapportant à ses déclarations sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI) et sur la marche des femmes d'Abobo le 03 mars 2011, ont été ensuite posées à M. Kassaraté par le procureur.
« Je n'ai pas été informé de la marche des femmes d'Abobo parce qu'à cette date, il n'y avait plus de gendarmes à la brigade de cette commune. C'est à la télévision que j'ai appris qu'il y a eu une marche de femmes qui aurait été réprimée», a soutenu Kassaraté Tiapé dont l'interrogatoire se poursuit mardi.
L'ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo et son ex-ministre de la jeunesse, Charles Blé Goudé sont jugés devant la CPI depuis janvier 2016 pour quatre chefs de crimes contre l'humanité commis pendant la crise postélectorale ivoirienne de décembre 2010 à avril 2011.
Photo:DR / Edouard Tiapé Kassaraté témoigne depuis près d'une semaine devant la CPI en qualité de témoin à charge