Depuis le 6 février 2017, le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) entend les arguments du Ghana et de la Côte d’Ivoire pour délimiter la frontière maritime des deux pays. L’enjeu est de taille car il s’agit de se partager d’importantes zones d’exploitation pétrolière.
Une réserve estimée à deux milliards de barils de pétrole. Voilà ce que pourrait renfermer la zone revendiquée par les deux pays. En 2010, le Ghana, plus en avance que son voisin sur l’exploitation pétrolière, avait commencé à exploiter le secteur. Mais en avril 2015, le Tribunal international du droit de la mer (TIDM) ordonnait l’arrêt provisoire de l’exploitation dans la zone, à la demande de Yamoussoukro.
En effet, la Côte d’Ivoire revendique cet espace, qui est considéré comme étant dans sa zone économique exclusive. Il s’agit pour le pays d’étendre sa souveraineté sur plus de 40.000 km². Le Ghana de son côté s’étonne de cette revendication. Accra rappelle que depuis l’indépendance les deux parties «ont mutuellement reconnu, respecté et fait application d’une frontière maritime commune». Mais ça, pourrait-on ajouter, c’était avant le pétrole!
Le bassin sédimentaire ivoirien est très vaste et s’étend tout le long de la façade maritime du pays, de la frontière avec le Libéria à l’Ouest à celle du Ghana à l’Est. Sa largeur varie de 80 à 150 kilomètres de large jusqu’à des profondeurs d’eau de plus de 3000 mètres. Pour Yamoussoukro, les activités du Ghana sont une violation «des droits souverains exclusifs» de la Côte d’Ivoire sur ce secteur.
Une souveraineté peu revendiquée avant la découverte du gisement. Mais aujourd’hui, la Côte d’Ivoire se veut une nation pétrolière. La doctrine d’Houphouët-Boigny d’appuyer le développement du pays à son agriculture a vécu. Déjà, sa production actuelle de pétrole est de 45.000 barils par jour. En hausse de 40% en cinq ans. L’objectif est d’atteindre les 200.000 barils en 2020.
Elément notable de ce dossier, si les deux pays n’arrivent pas à s’entendre sur leur frontière maritime, «les relations entre le Ghana et la Côte d’Ivoire restent cordiales», a souligné Gloria Akuffo, la ministre ghanéenne de la Justice. La décision du tribunal sera rendue au cours de l'année 2017.
Photo à titre d'illustration | Le Ghana et la Côte d’Ivoire fixent leur frontière maritime au tribunal