Le gouvernement va sévir contre le boycott du recensement (porte-parole)

  • 06/05/2014
  • Source : AFP
Abidjan - L'appel au boycott du recensement national de la population en Côte d'Ivoire lancé par l'opposition après son démarrage le 17 mars est un acte puni par la loi, a averti lundi à Abidjan le gouvernement ivoirien, prévoyant de sévir.

"Le gouvernement prendra désormais ses responsabilités vis-à-vis de ceux qui troublent d'une façon ou d'une autre le déroulement de cette opération", a annoncé Bruno Koné, son porte-parole, à l'issue d'un conseil des ministres.
 
M. Koné a mis en garde "les personnes qui lancent les appels au boycott" que leurs prises de position qui "perturbent l'ordre public" sont punies par la loi.
 
La justice "commencera à observer et des décisions seront prises immédiatement", a-t-il poursuivi.
 
Le gouvernement a toutefois reconnu que malgré un taux de dénombrement allant de "20% à 93%", l'opération connaissait "des difficultés de terrain, notamment des problèmes de mobilité du personnel, des retards de livraison des équipements informatiques".
 
Cette déclaration du gouvernement coïncide avec la réaction de l'opposition qui évoque un "échec cuisant" du recensement après avoir appelé à son boycott massif.
 
"Le bilan à mi-parcours" du recensement, le premier depuis 16 ans, "montre un rejet total de l'opération par la population", a déclaré dans un communiqué, le Front populaire ivoirien (FPI, pro-Gbagbo), principal parti d'opposition, y voyant une "adhésion massive" à son mot d'ordre de boycott.
 
"Le recensement a été rejeté par 90% de la population", souligne le texte, estimant qu'"en réalité, toute opération réalisée au-delà du délai de 21 jours
comporte beaucoup de biais qui la rende irrecevable et sans objet". 
 
Le FPI, "constatant l'échec cuisant" du recensement prévu pour durer 21 jours demande au président ivoirien Alassane Ouattara "d'en tirer toutes les conséquences en prononçant son arrêt immédiat et sa reprogrammation dans un cadre de consensus national apaisé et d'une meilleure maîtrise technique".
 
Le chef de l'opposition, Pascal Affi N'Guessan, avait appelé au boycott massif du recensement trois jours après son lancement officiel, arguant que des obstacles politiques devaient être surmontés avant que cette enquête puisse se tenir.
 
Pour le chef du FPI, la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3.000 morts, a aussi "profondément divisé" les Ivoiriens, et a créé des "obstacles politiques à surmonter avant le démarrage de l'opération".
 
Le recensement national se déroule dans un contexte post-crise où la question de la nationalité avait déclenché une décennie de contestations politico-militaires.
 
L'opération, organisée tous les dix ans, n'avait pu se tenir en 2008 en raison de la crise secouant la Côte d'Ivoire, alors coupée en deux.
 
La dernière enquête nationale date de 1998. Le pays comptait alors 16,3 millions d'habitants. Soit 6 ou 7 millions de moins que la population estimée aujourd'hui.
 
D'un coût global de 12 milliards de francs CFA (environ 18 millions d'euros), l'opération mobilise 30.000 agents qui sillonnent plus de 10.000 villages, munis de smartphones et non plus de formulaires en papier.
 
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