C’est une décision historique. Le Mali, le Burkina et le Niger ont annoncé, dimanche 28 janvier, leur retrait de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Dans un communiqué conjoint lu par les porte-paroles de leurs gouvernements respectifs, les trois pays expliquent avoir constaté « avec beaucoup de regrets, d’amertume et une grande déception que leur Organisation s’est éloignée des idéaux de ses pères fondateurs et du panafricanisme ».
Selon Ouagadougou, Niamey et Bamako, l’Institution régionale, « sous l’influence de puissances étrangères, trahissent ses principes fondateurs, est devenue une menace pour ses Etats membres et ses populations dont elle est censée assurer le bonheur ».
Poursuivant, ils ajoutent que « l’organisation n’a pas porté assistance à nos Etats dans le cadre de notre lutte existentielle contre le terrorisme et l’insécurité », soulignant que « lorsque les Etats ont décidé de prendre leur destin en mains, elle (la Cédéao) a adopté une posture irrationnelle et inacceptable en imposant des sanctions illégales, illégitimes et inhumaines et irresponsables en violation de ses propres textes ».
Dirigés par des militaires, respectivement depuis août 2020, septembre 2022 et juillet 2023, le Mali, le Burkina et le Niger ont créé en septembre dernier l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Un nouveau bloc dont la mission consiste à renforcer la coopération sécuritaire entre les trois pays dans la région des trois frontières, appelée communément le Liptako-Gourma. Mais les trois capitales n’écartent pas d’aller vers une fédération, conformément aux recommandations du conclave des ministres des Affaires étrangères de l’AES, au Mali.
Ce qui, selon beaucoup d’observateurs, devrait conduire les trois États vers une éventuelle sortie de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) et la création de leur propre monnaie. Avant l’annonce de ce dimanche, les ministres des Affaires étrangères du trio sahélien ont été reçus en audience par le chef de l’Etat nigérien, le général Abdourahamane Tiani, à Niamey. Bien que prononcé, ce retrait ne risque pas de se faire dans l’immédiat. D’ailleurs, les textes de la Cédéao indiquent que « Tout Etat Membre désireux de se retirer de la Communauté notifie par écrit, dans un délai, d’un (1) an, sa décision au Secrétaire Exécutif qui en informe les Etats Membres. A l’expiration de ce délai, si sa notification n’est pas retirée, cet Etat cesse d’être membre de la Communauté ».
Toutefois, il faut préciser qu’« au cours de la période d’un (1) an visée au paragraphe précédent, cet Etat membre continue de se conformer aux dispositions du présent Traité et reste tenu de s’acquitter des obligations qui lui incombent en vertu du présent Traité ». C’est dire qu’il y a encore des étapes à franchir avant que ce retrait ne puisse entrer en vigueur. Pour l’heure, la Cédéao ne s’est pas encore prononcée, même si des sources estiment que cela ne saurait tarder au regard de l’ampleur de l’événement.
AC/md/APA
Le Mali, le Burkina et le Niger annoncent leur « retrait sans délai » de la Cédéao