L’adjudant, Digbeu Bonan, régisseur de la maison d’arrêt militaire d’Abidjan (MAMA), a été mis aux arrêts hier, pour violation de consignes du Parquet militaire favorisant des réunions subversives des détenus militaires arrêtés pendant la crise postélectorale et écroués à la MAMA.
En effet, le régisseur militaire, une fois la nuit tombée, autorisait la sortie des prévenus des cellules moyennant des sommes d’argent. Ceux-ci jouissaient donc de toute leur liberté et pouvaient aller partout où ils voulaient avant de rejoindre la prison au petit matin.
Cependant, le jeu a été découvert au cours d’ une visite inopinée du commissaire du gouvernement, Ange Kessi Bernard. Joint hier au téléphone, le procureur militaire a confirmé l’information, tout en donnant des détails sur cette affaire.
«Il y a bien longtemps que nous avons l’information qu’il laissait sortir les prisonniers la nuit. Mais nous n’avions pas de preuves. C’est ainsi qu’en rentrant d’une mission avant-hier, j’ai choisi d’aller faire un tour à la MAMA. Personne n’était au courant que je devais rentrer.
Sur place, j’ai constaté que 3 prévenus manquaient à l’appel, à savoir deux militaires venus de la prison de Korhogo et un autre impliqué dans le meurtre des soldats de l’ONUCI. Interrogé, le régisseur a reconnu les faits et il a été mis aux arrêts ainsi que le chef de poste, le caporal Zoula Gbessou. Quant aux prisonniers, il ont été ramenés la même nuit dans leurs cellules respectives», a indiqué Ange Kessy.
Selon lui, les deux soldats arrêtés seront poursuivis par le tribunal militaire et les prévenus déjà condamnés verront leur peine doublées pour évasion, selon le code militaire. «Ce genre de comportement est inacceptable et intolérable. C’est pourquoi nous avons frappé fort. Les soldats mis aux arrêts seront jugés. Pour dire à tous qu’au tribunal militaire, c’est la tolérance zéro.
Il n’est pas gestion de cautionner cette forfaiture qui est dangereuse pour la stabilité du pays. Car, ce sont des prévenus militaires poursuivis pour la plupart pour atteinte à la sureté de l’Etat. C’est pourquoi, nous avons fait passer une note pour dire qu’ils ne peuvent sortir de la prison qu’avec l’autorisation du procureur militaire. Mais le régisseur a violé cette consigne et il va assumer», a expliqué le commissaire du gouvernement.
Surtout, selon nos sources, les prévenus ont reconnu lors de leur interrogation qu’ils prenaient part à des réunions visant des activités subversives toutes les nuits qu’ils sortaient de la prison. Ce, au su des deux militaires arrêtés. Depuis hier, donc le régisseur de la MAMA et le chef de poste croupissent dans les geôles de la prison militaire.
Par L.O.
Le régisseur de la prison militaire (MAMA) mis aux arrêts - Photo à titre d'illustration