Les Championnats du monde 2019 de taekwondo débutent ce 15 mai à Manchester. Parmi les favoris, quelques Ivoiriens comme Ruth Gbagbi, championne du monde en titre, et Cheick Cissé, champion olympique en 2016. Deux athlètes qui seront très suivis en Côte d'Ivoire. Le pays se passionne de plus en plus pour cet art martial, le deuxième sport du pays derrière le foot.
Sur le bord du tapis, l’entraîneur Jean-Kévin Lélou est à fond. Son protégé d’à peine 10 ans donne absolument tout : des coups de pieds au casque et des coups de poings sur le plastron toujours précédés du fameux kiap. « On appelle, ça le kiap, le cri, explique Jean-Kévin. On relâche tout pour effrayer l’adversaire. Par exemple, mon petit qui est là est fan de foot mais il aime le taekwondo. Pourquoi ? Parce qu’il arrive à s’y exprimer ! »
Dans la salle polyvalente de Treichville à Abidjan, les jeunes ne veulent pas devenir les futurs Didier Drogba ou Nicolas Pépé, mais plutôt suivre la trace des grandes stars du taekwondo ivoirien, les deux médaillés olympiques en 2016 : Ruth Gbagbi et Cheick Cissé. Christopher Agbidi, 17 ans, est l’un d’entre eux. « Je me suis beaucoup entraîné et je pense que je peux aller plus loin. Je veux réussir à réaliser mes rêves. Je peux y parvenir. Je peux voyager comme Cheick Sallah et même faire mieux que lui. »
Lors de cette compétition amateurs, les médaillés d’or sont choisis pour affronter les meilleurs taekwondo-in du pays et peut-être faire partie de l’équipe nationale de jeunes. Le tout sous l’œil aguerri de Jean-Luc Ayewouadan, arbitre national. « Notre objectif est d’amener beaucoup d’athlètes sur le plan international et de préparer déjà la relève. Il ne faut pas que le train soit arrêté au milieu du chemin. Nous avons déjà pas mal d’athlètes de haut-niveau qui sont déjà prêts. Et je vous dis que la relève est déjà assurée. »
Dépoussiérer l’image d’un sport de voyou
Ce jour-là, plus de 500 athlètes s’affrontent, un record pour ce genre de compétition. Si le taekwondo est pratiqué en Côte d’ivoire depuis les années 1970 grâce à la politique de promotion internationale sud-coréenne, l’art martial est populaire depuis peu. En 10 ans, le nombre de licenciés est passé de 16.000 à 40.000. Mais pour en arriver là, la fédération dirigée par le très actif Daniel Cheick Bamba a dû dépoussiérer l’image d’un sport de voyou. En passant par les élites et l’éducation. « Le taekwondo est un art martial perçu comme un sport pour un certain type de personnes, concède Olivier Avoa, président de ligue. Mais on a réussi à démontrer qu’en taekwondo, il y a des élites. Le président de la fédération est un ministre. Moi-même, je suis chef d’entreprise. On met en exergue les valeurs que le taekwondo véhicule : la discipline, le civisme, l’abnégation, le courage… »
Des qualités éducatives qui séduisent aujourd’hui de nombreux parents. Les principaux inscrits ont aujourd’hui entre 4 et 6 ans. Certains enfants vont donc au taekwondo avant d’entrer à l’école. Depuis que Fatou Koné a poussé ses trois petits sur les tapis, la maison est plus calme. « J’ai inscrit mes enfants au taekwondo parce que ça leur permet de s’épanouir et d’évacuer le stress ainsi que la colère qui sont en eux. Ils sont un peu plus calmes depuis que le je les ai mis au taekwondo. Je veux même m’inscrire à mon tour ! »
Chez les professionnels, la Côte d’Ivoire est de loin le meilleur pays d’Afrique en la matière et présentera dès le 15 mai six athlètes lors des Mondiaux 2019 à Manchester. Avec l’objectif de décrocher au moins quatre médailles. Ce serait un record national.
Lors de la Coupe du monde par équipes 2017 de taekwondo, organisée en Côte d'Ivoire. Courtesy of World Taekwondo