C’est aujourd’hui, sur le coup de minuit, que se referme, en Côte d’Ivoire, la campagne législative qui aura duré deux semaines. Ce dimanche 18 décembre, les 255 députés de l’Assemblée nationale verront leurs mandats remis en jeu et le corps électoral ivoirien fort de 6,4 millions d’électeurs, est invité à départager les 1 153 prétendants à leur succession.
Il faut déjà se féliciter que ces élections législatives se déroulent dans un climat apaisé, dans un pays où la scène politique a des éruptions meurtrières, même si l’on peut regretter le piquant habituel des joutes électorales au pays de l’éléphant. La Commission Electorale Indépendante (CEI) devra mettre un point d’honneur à préserver ce climat en réussissant le pari d’une élection propre et transparente, ne faisant le nid d’aucune contestation.
L’enjeu de ces élections, au-delà de la désignation de ceux qui vont contrôler l’action gouvernementale, légiférer au nom du peuple et consentir l’impôt, est de préparer l’horizon 2020. C’est dire que ces élections seront âprement disputées, opposition comme majorité jouant leur avenir.
En attendant que les urnes livrent leurs secrets au soir du 18 décembre, on peut se hasarder à avancer que le nouveau parlement ivoirien a de fortes chances de ne pas être monochrome comme celui dont le mandat est échu. Et pour causes. D’abord, parce que cette fois-ci, l’opposition, à l’exception de l’aile radicale du Front Populaire Ivoirien menée par Aboudramane Sangaré qui a décidé de poursuivre son boycott, est dans les starting- blocks de la course de cette édition 2016.
La branche du Front populaire ivoirien menée par Pascal Affi N’Guessan a fait campagne pour ces élections législatives du 18 décembre. Pas moins de 187 candidats partent donc à l’assaut du Parlement pour son compte.
Même si l’envol de cette opposition peut être plombé par ses dissensions internes, il est difficilement imaginable qu’elle sorte bredouille de la compétition.
ADO devra compter avec une opposition qui pourrait reprendre du poil de la bête
Ensuite, parce que dans les rangs de la majorité, le Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), la sérénité n’est pas la mieux partagée. En témoignent les bisbilles qui ont entouré la désignation des candidats à l’élection.
La super machine née de la coalition du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié et du Rassemblement des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, est donc face à elle-même et il n’est pas évident que les gros moyens qui seront déversés dans l’arène, suffisent à la dégripper entièrement. Enfin, parce qu’il y a un nombre important d’indépendants dans la course et qui promettent de tenir la dragée haute aux partis politiques.
Tout laisse donc croire que l’on va vers une reconfiguration de la carte politique ivoirienne et c’est tant mieux pour la vitalité de la démocratie en Côte d’Ivoire. ADO, même s’il ne devrait pas en perdre le sommeil, devra compter avec une opposition qui pourrait reprendre du poil de la bête.
Certains débats très sensibles qu’il avait tranchés unilatéralement en faisant adopter la nouvelle Constitution, pourraient émerger à nouveau. Les plus grands perdants restent les dissidents du FPI menés par Aboudramane Sangaré, qui ont opté pour la politique de la chaise vide. Visiblement, ces frondeurs n’ont pas encore tiré toutes les leçons de cette politique qui, à long terme, les réduit comme une peau de chagrin.
SAHO
Photo:AFP / Affiche de campagne pour les législatives du 18 décembre à Abidjan.