A l'occasion de sa visite dans la région du Bélier, Alassane Ouattara a eu un entretien avec les cadres. C'était dans l'enceinte du Palais des hôtes de Yamoussoukro. Nous vous proposons de larges extraits des propos du chef de l’Etat concernant les nominations, le transfert de la capitale, l'éducation…
« Nous avons eu beaucoup de chance d’avoir eu deux bons premiers présidents. Nous avons le devoir de continuer et de mériter l’héritage. Nous avons noté la contribution importante de mon aîné Henri Konan Bédié avec malheureusement interrompu par le coup d’Etat de 1999. Maintenant nous nous sommes retrouvés, je pense que le pays à commencé à se retrouver. Et nous irons un peu plus loin si nous consolidons notre alliance, si nous considérons que nous avons un devoir de rassemblement, un devoir de réconciliation également les uns envers les autres.
Bien sûr les houphouétistes forment un grand ensemble. Mais le devoir d’une nation et surtout des responsables politiques c’est d’assurer la protection des minorités. Cela est nécessaire pour la stabilité de notre pays et que nous devons avoir une politique d’inclusion et de pardon et une politique qui ferait en sorte que la confiance revienne entre les enfants de ce pays. Je suis heureux de vous retrouver chers frères et sœurs. Je connais la plupart d’entre vous. Je voudrais vous dire à quel point cette soirée est agréable pour moi.
Sur le point des nominations, je l’ai expliqué aux autorités traditionnelles. Nous avons mis en place un système inventé par Patrice Kouamé qui a été à l’époque ministre de la Fonction publique. Nous avons mis en place un comité restreint qui reçoit les propositions de tous les ministères pour faire des propositions au gouvernement. Une fois les discussions faites au niveau du gouvernement sont adoubés, nous ne passons pas cinq minutes. J’approuve ce que ce comité restreint me propose. Evidemment sur un certain nombre de dossiers importants pour la nation, le chef de l’Etat peut décider.
Dans le cas du conseil café-cacao, c’est moi qui ai demandé au doyen Lambert Kouassi Konan qui était à Paris de venir présider cette structure, à cause de sa connaissance du dossier, de sa notoriété et de la confiance que j’ai en lui pour l’application de la nouvelle réforme. Je dis tout cela pour indiquer que nous avons une volonté de faire en sorte que nous soyons le plus juste possible. Ahoussou pourra vous en dire plus. Une fois que la liste des nominations arrive et que je regarde, si c’est un ministère Rdr, et que je me rends compte qu’il y a huit Rdr sur 10, je rejette le dossier. Je fais de même quand c’est le Pdci et ainsi de suite. Je leur dis que je veux une équipe équilibrée. Je tiens compte de notre alliance en priorité. Mais les autres régions doivent être également représentées.
Et cela s'est fait à plusieurs occasions. (…) il n’y a pas de discrimination et il n’y a pas aussi de discrimination positive. Pour les postes sensibles, nous procédons à un appel à candidatures aussi bien avec les Ivoiriens de l’intérieur que ceux de l’extérieur. Ce n’est pas pour me justifier, mais je voudrais juste que vous compreniez que ma volonté c’est de renforcer l’administration. Ces dix dernières années, cela n’a toujours pas été le cas. Nous avons été aux affaires de 1990 à 1993, nous avons essayé de construire un pays avec une administration forte qui reconnaissait les mérites.
Malheureusement, les dix années qui ont procédé mon arrivée au pouvoir, cela a été détruit. Et nous allons maintenant recommencer parce que si dans les grandes démocraties, l’alternance ne pose pas de problèmes, c’est parce que l’administration est forte. Donc, nous avons le devoir de construire une administration forte. Sur les moyens à donner aux collectivités, nous y travaillons et j’espère que très prochainement, dans le budget de 2014 au plus tard en 2015, on fera des changements dans ce cadre.
Pour la création et la mise en place d’un plan de développement intégré de Yamoussoukro, évidemment, on enfonce une porte déjà ouverte. Nous sommes parfaitement en phase avec vous. Nous travaillons à l’accélération du processus de transfert de la capitale. Nous allons approcher les différentes ambassades pour revoir l’attribution des terrains. Nous voulons créer un quartier des Nations unies. Nous devons en même temps avoir les ressources. Car, on ne peut pas commencer un tel projet et l’interrompre. Ce n’est pas une affaire de 500 milliards de F Cfa ! Nous devons donc nous organiser pour savoir ce que nous aurons sur les ressources additionnelles, comment aller sur les marchés financiers.
En ce qui concerne la réhabilitation des grandes écoles, tout cela rentre dans le cadre du programme de désendettement, développement. Très rapidement, les travaux vont commencer. Ce sont des sommes importantes. Nous en avons même reçu de l’Emir du Qatar, il s'agit de construire une université en Côte d’Ivoire, à l’américaine de 20 à 30.000 étudiants. Et j’ai donc décidé que cette université sera construite à Yamoussoukro. Pour la transformation de la résidence présidentielle en musée, j’avais fait la promesse que si j’étais élu, ma décision serait de transformer la résidence d’Abidjan en musée, à fortiori celle de Yamoussoukro. J’en ai parlé à Guillaume Houphouet. Bien évidemment, il n’y a pas de problèmes ».
Propos recueillis à Yamoussoukro par Allah Kouamé
Les confidences de Ouattara aux cadres du Bélier - Photo à titre d'illustration