Les conseils d'ami de Tony Blair à Emmanuel Macron

  • 12/05/2017
  • Source : 6MEDIAS
Il ne pouvait que se réjouir de la victoire d'Emmanuel Macron ! Apôtre d'une troisième voie sociale-démocrate et incarnation en son temps d'un renouveau de la classe politique au Royaume-Uni, l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair a pris la plume ce vendredi dans une tribune publiée par Le Monde .

Après avoir salué « l'exploit » d'avoir créé un mouvement et accédé à la magistrature suprême en « moins d'un an », Blair confie au nouveau président élu les « leçons » qu'il a tirées de son mandat, où il s'était retrouvé dans une situation « semblable » à celle de Macron.

« Le plus dur commence à présent », avertit d'emblée Tony Blair. « Premièrement, le plus important est de ne jamais perdre la force que nous ont donnée ceux qui nous ont portés au pouvoir », estime-t-il. « Les Français ont voté pour un projet nouveau et différent, en faveur d'un changement qui ne soit pas défini par l'ancienne manière de faire », et l'ancien ministre de l'Économie va devoir les satisfaire sur ce point. Devoir porter cette responsabilité peut être « terrifiant », confie Blair, ce qui explique que « depuis plus de vingt ans, la France s'approche de l'obstacle des grandes réformes sans jamais oser le franchir ». Mais c'est pour réaliser ces changements que le candidat En marche ! a été élu, selon lui, et reculer présenterait donc de gros risques.

Europe et méthodologie de la réforme

« Deuxièmement », continue le travailliste, « le nouveau président sait les réformes qu'il veut mener mais ne sait pas encore comment il va procéder dans le détail. La méthodologie de la réforme est importante ». Il regrette avoir passé son « premier mandat à mener des réformes dont l'ampleur ne s'est pas suffisamment traduite dans le discours » et en tire comme leçon « qu'il faut se centrer sur les choses réellement importantes. S'assurer que les mesures sont véritablement assorties d'effet ».
Dans sa troisième recommandation, Blair, qui a décidé de replonger dans le grand bain politique, conseille à Macron de porter une attention particulière aux transformations que les nouvelles technologies apportent à « nos façons de travailler, de vivre et de penser », car « l'inadéquation entre les problèmes auxquels nous sommes confrontés et les solutions que proposent les grands partis politiques » est une raison importante de leur échec. Il l'appelle également à prendre garde à ce que ses réformes ne soient pas bloquées par l'administration et soient traduites « dans les faits », un écueil auquel lui-même s'était parfois retrouvé confronté.
Enfin, celui qui fut un temps pressenti pour inaugurer le poste de président du Conseil européen en 2010 avant que le poste ne soit confié à Herman Van Rompuy souligne l'importance d'inscrire ses réformes nationales au sein d'une vraie réforme de l'Union européenne afin de donner « aux citoyens européens le sentiment que l'on entend leurs angoisses à propos de l'Europe et que l'on y répond ».