Le chef de la diplomatie américaine, Rex Tillerson, s'est dit prêt à entamer des discussions avec Pyongyang sans faire de la question nucléaire un préalable. On ignore encore si Donald Trump soutient ce changement de ton.
Changement de ton à Washington. Par la voix de son secrétaire d’État, Rex Tillerson, les États-Unis ont fait savoir, mardi 12 décembre, qu’ils étaient prêts à s'asseoir avec la Corée du Nord à la table des négociations "sans condition préalable". Jusqu'ici, l'administration de Donald Trump avait toujours affirmé que d'éventuelles futures négociations avec la Corée du Nord ne pourraient se tenir, à terme, qu'à condition d'avoir comme objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
"Il n'est pas réaliste de dire ‘nous allons discuter avec vous seulement si vous venez à la table des négociations prêts à abandonner votre programme nucléaire’", a affirmé Rex Tillerson lors d'une conférence à Washington. "Ils ont bien trop investi là-dedans", a-t-il estimé au sujet du développement de missiles intercontinentaux et d'armes nucléaires par le régime de Pyongyang.
"Parlons de la météo..."
"Nous sommes prêts à discuter dès que la Corée du Nord voudra discuter. Nous sommes prêts à tenir une première réunion sans condition préalable, a-t-il poursuivi. Rencontrons-nous, parlons de la météo si vous voulez, ou discutons pour savoir s'il faut une table carrée ou ronde si c'est ce qui vous fait plaisir. Mais, au moins, voyons-nous face à face et ensuite on pourra commencer à établir une feuille de route de ce vers quoi nous voudrions aller."
Au moment même où le chef de la diplomatie américaine faisait cette annonce, Kim Jong-uncontinuait, lui, d’alimenter la guerre des mots. Dans un discours devant des employés du programme balistique, l’homme fort de Pyongyang a ainsi assuré que son pays irait "de l'avant victorieusement pour devenir la puissance nucléaire et militaire la plus forte au monde", a rapporté, mercredi, l'agence officielle KCNA.
Quelques heures plus tôt, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques, l'Américain Jeffrey Feltman, faisait pourtant part au Conseil de sécurité d’un certain assouplissement de la position nord-coréenne. En visite la semaine dernière à Pyongyang, le responsable onusien affirmait que le régime était d'accord sur la nécessité "d'éviter une guerre" avec les États-Unis. Une position que le responsable onusien avait rapportée de son séjour, la semaine dernière, en Corée du Nord, une visite rare qui était la première d'un diplomate de l'ONU à cette fonction depuis 2010.
"Période de calme"
Malgré ces quelques signes d’ouverture diplomatique, Rex Tillerson a rappelé, comme par le passé, que des discussions ne pourraient intervenir qu'après "une période de calme". "Ce serait difficile de parler si au milieu de notre discussions vous décidez de tester un autre engin", a-t-il estimé, rappelant les nombreux essais balistiques et nucléaires nord-coréens des derniers mois.
On ignore d’ailleurs dans quelle mesure Rex Tillerson, dont l'influence sur la diplomatie américaine paraît faible, bénéficie du soutien de Donald Trump sur le dossier nord-coréen. Par le passé, le secrétaire d'État s'est fait publiquement rabrouer par le président américain pour avoir évoqué l'existence de "canaux de communication" pour "sonder" les intentions de Kim Jong-un en vue d'un éventuel dialogue. "Il perd son temps à négocier", avait tweeté, début octobre, le locataire de la Maison Blanche.
Avec AFP et Reuters
© Mandel Ngan, AFP | Le secrétaire d'État américain, Rex Tillerson, le 12 décembre 2017, à Washington.