Les évêques catholiques désavouent Ahouanan

  • 11/05/2015
  • Source : Notre Voie
Les évêques catholiques de Côte d’Ivoire viennent de jeter une pierre dans le jardin du régime Ouattara.

Réunis à Taabo, ce week-end, ils ont publiquement désavoué leur confrère Paul Siméon Ahouanan Djro, Archevêque métropolitain de Bouaké, nommé président de la commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv), le 25 mars dernier, Alassane Ouattara. 
 
« Les Archevêques et Evêques de Côte d’Ivoire tiennent à informer les membres du clergé, les religieux, les religieuses et les fidèles laïcs qu’ils n’ont été associés ni de près ni de loin par leur confrère à cet engagement », regrette la conférence des évêques de Côte d’Ivoire dans un communiqué publié hier sur les réseaux sociaux. 
 
« C’est pourquoi dans l’esprit du Canon 285 du Code de Droit Canonique de 1983, ils tiennent à préciser qu’ils ne sont pas comptables des actes qu’il posera dans l’exercice de sa nouvelle charge à la tête de la CONARIV », tranchent-ils. 
 
Un énorme pied de nez au gouvernement Ouattara qui croyait avoir trouvé l’homme idéal après l’échec de la Commission dialogue vérité et réconciliation (Cdvr) de Charles Konan Banny. 
 
Le canon 285 du droit canonique de 1983, qui comporte quatre alinéas, conditionne, en effet, l’exercice de certaines fonctions civiles à la permission des pairs quand il ne l’interdit pas purement et simplement. « Il est interdit aux clercs de remplir les charges publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil », stipule l’alinéa 3. « Sans la permission de leur Ordinaire, les clercs ne géreront pas des biens appartenant à des laïcs ni des charges séculières comportant l’obligation de rendre des comptes…», précise l’alinéa 4. 
 
Mgr Paul Siméon Ahouanan ignorait-il toutes ces dispositions du droit canonique quand il acceptait cette nomination ? Ou alors croyait-il que la conférence des évêques ne lui en tiendrait pas rigueur étant donné qu’il était déjà vice-président de la défunte commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) de Charles Konan Banny ? 
 
« Même s’il a été membre de la Cdvr, il lui appartenait d’informer ses pairs afin que ceux-ci l’accompagnent de leurs prières, mais s’il ne l’a pas fait, c’est qu’il n’engage que sa propre personne et pas l’Eglise catholique de Côte d’Ivoire », indique un prêtre sous le couvert de l’anonymat. 
En tout état de cause, ce désaveu public discrédite complètement la Conariv et met le régime Ouattara sous pression. Lui qui est déjà accusé d’avoir relégué le processus de réconciliation nationale au dernier rang de ses soucis. 
 
Augustin KOUYO