La Côte d’Ivoire a obtenu, mardi, la levée totale de l’embargo sur son diamant et la levée partielle de l’embargo sur les armes légères et de petit calibre. Cette décision a été accueillie avec « satisfaction » par le gouvernement ivoirien, comme l’a déclaré le ministre d’Etat, ministre des affaires étrangères, Charles Koffi Diby, mercredi, au cours d’une conférence de presse conjointe avec ses collègues de l’Industrie et des mines, Jean-Claude Brou et de la Défense, Paul Koffi Koffi.
« Cela démontre de la crédibilité du Président de la République et aussi de la place qu’occupe la Côte d’Ivoire à l’ONU », a indiqué le ministre d’Etat, Charles Koffi Diby. Cette décision unanime des 15 membres du Conseil de Sécurité de l’ONU marque, ainsi, la fin d’une étape dans le processus de la relance de la filière diamantifère en Côte d’Ivoire. La prochaine étape, selon le ministre Jean Claude Brou, sera, d’une part, d’améliorer la gouvernance dans le secteur, de normaliser la chaîne légale de production et de commercialisation du diamant en Côte d’Ivoire afin que le secteur contribue à l’économie nationale, d’autre part, de veiller au développement de l’activité minière en s’assurant d’une bonne organisation de la filière. « Cette levée nous permet de compléter la chaîne du système de traçabilité depuis la production jusqu'à l'exportation », a-t-il indiqué.
Ainsi, une feuille de route comprenant cinq axes principaux sera établie après cette levée de l’embargo. Il s’agit de la poursuite des mesures et actions prévues dans le cadre de la mise en œuvre du Processus de Kimberley (PK) ; le renforcement du dispositif pour lutter contre la fraude sur le diamant; l’harmonisation régionale de l’économie diamantifère dans la zone de l’Union du Fleuve Mano (UFM) ; le renforcement des capacités des experts ivoiriens à évaluer le diamant brut et l’ouverture du marché du diamant aux bureaux d’achat. A ce niveau, Jean Claude Brou a souligné que la sélection de ces bureaux se fera de façon rigoureuse. « Les premiers bureaux vont s’ouvrir au dernier trimestre de 2014. Nous devons nous assurer que ces bureaux soient autorisés à faire du commerce de diamants, qu’ils soient crédibles. Nous allons tenir compte du sérieux et de la capacité financière des promoteurs de ces bureaux d’achat de diamants. Cela se fera dans un processus transparent et extrêmement rigoureux », a expliqué le ministre de l’Industrie et des mines.
Un si long combat
Adopté par la Résolution 1643 du Conseil de Sécurité en 2005, l’embargo sur le diamant imposé par l’ONU avait pour but d’empêcher l’accès au marché mondial, les diamants provenant des zones de guerre appelés « diamants du sang. » Cet embargo avait également concouru à sortir la Côte d’Ivoire du Processus de Kimberley, dont elle est membre depuis 2003. Mais avec le retour de la normalité en 2011, le gouvernement ivoirien a mené plusieurs actions, d’abord, en vue de la réintégration de la Côte d’Ivoire dans le PK et ensuite de la levée de l’embargo sur le diamant. Ainsi, dès la normalisation de la situation politique et économique en Côte d’Ivoire, le Gouvernement s’est attelé à renforcer la présence de l’administration dans les zones diamantifères et surtout créer le Secrétariat permanent de la Représentation en Côte d’Ivoire du Processus de Kimberley. Une fois installé, ce bureau permanent a organisé des missions et ateliers de sensibilisation à l’endroit des acteurs de la filière, du Corps préfectoral, des agents des douanes et de la société civile. De même qu’une visite sur les sites de production diamantifère de la zone de Séguéla a été organisée à l’endroit d’une délégation du « Groupe des Amis de la Côte d’Ivoire. ». D’autres actions, telles que la mise en place du dispositif d’encadrement des artisans miniers par la Société Nationale des Mines sur le site diamantifère de Bobi (Séguéla) ; l’élaboration et la validation des guides de procédures ; le lancement du système de traçabilité des diamants sur le terrain ; l’édition des documents devant servir de support à l’application des mesures de contrôles internes (registres de cahier de production, cartes d’ouvriers miniers et de collecteurs, carnets de reçus d’achat pour les collecteurs et les bureaux d’achat) ont également été menées dans le cadre de la réintégration de la Côte d’Ivoire dans le PK.
Les actions pour la levée de l’embargo ont été marquées par l’élaboration d’un document sur la stratégie de transition par le Gouvernement, en collaboration avec le Groupe des Amis de la Côte d’Ivoire constitué des Ambassadeurs des Etats-Unis, Canada, Union Européenne, France, Belgique, Grande-Bretagne, Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud. Par ailleurs, un atelier national a été organisé en vue de l’élaboration d’une méthodologie dans le cadre de la lutte contre la fraude dans le secteur du diamant. Cette méthodologie porte sur la fraude dans la production et la commercialisation interne, la fraude dans l’exportation et l’importation, et sur la fraude dans les flux financiers. Suite à cet atelier, il a été décidé de l’organisation de vastes campagnes de sensibilisation impliquant la société civile ; une collaboration plus accrue entre les administrations impliquées dans la lutte contre la fraude ; la création de postes de gendarmerie à proximité des zones de production. Il va s’en dire qu’avec la levée totale de l’embargo sur le diamant ivoirien, le dispositif de contrôle et d’évaluation de la production nationale pourra se mettre en place. Ainsi, l’Etat pourra bénéficier des retombées économiques et financières de cette pierre précieuse. Et surtout permettre à la Côte d’Ivoire de fournir des statistiques fiables sur le secteur et les exportations. Bien sûr, une fois la contrebande et les exploitations clandestines maitrisées.
Levée de l’embargo sur le diamant ivoirien: la stratégie du Gouvernement pour relancer la filière - Photo à titre d'illustration