Le processus de libéralisation de l’espace audiovisuel est en marche. Quatre opérateurs privés ont été retenus après appel d’offres et leurs cahiers de charges sont désormais connus.
Quatre groupes sont autorisés à exploiter un service de télévision privée commerciale en clair sur le réseau TNT après un appel d’offres lancé en mai 2016 : Life TV (propriété du publicitaire Fabrice Sawegnon, du Groupe Voodoo Communication), Optimum Media CI, Société audiovisuelle de CI et Sorano-CI. «Toutes les mutations liées à la transition vers la Télévision numérique terrestre (TNT) qui avaient retardé le processus ne constituent plus un frein à la mise en œuvre de cette libéralisation», avait assuré l’ancienne ministre de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine. L’apparition des télévisons privées en Côte d’Ivoire doit sonner le glas du monopole de plus de cinquante ans que détenait la Radiotélévision ivoirienne (RTI), l’entreprise publique. Pour de nombreux Ivoiriens, cette ouverture médiatique peut jouer un rôle primordial dans la construction d’un espace public équilibré, au bon fonctionnement des institutions publiques et des champs sociopolitiques.
La Côte d’Ivoire va opérer un grand bond technologique via le passage à la TNT (Télévision numérique terrestre), à partir d’un paysage audiovisuel composé de deux chaînes publiques hertziennes et d’opérateurs privés satellitaires. Dans un entretien donné au journal «Le Monde», Jean-Philippe Kaboré, secrétaire exécutif du Comité national d’émigration de la Côte d’Ivoire vers la TNT, affirmait que «l’émergence d’opérateurs ivoiriens, avec une offre éditoriale nationale et régionale, va créer un lien de proximité. Pour que la population adhère à la TNT, cette proximité est fondamentale. Ces chaînes devront diffuser des informations dans le domaine agricole, économique, de la santé, du transport ou de l’éducation. Le bouquet de chaînes gratuites se composera de trois chaînes publiques de la Radiotélévision ivoirienne (les deux chaînes existantes plus une chaîne nouvelle) et cinq ou six nouvelles chaînes nées du processus de libéralisation. Soit au total huit ou neuf chaînes gratuites à terme».
Techniquement, cela se traduit par le déploiement d’un projet pilote dans la région d’Abidjan avec 1.000 bêta testeurs. Après quoi seules les deux chaînes publiques plus une chaîne de test seront diffusées pour évaluer les avancées technologiques en matière de diffusion numérique, avant de l’étendre à l’échelle nationale. En sus, de nouvelles licences d’exploitation de bouquets par satellite seront distribuées par la Haute autorité de communication audiovisuelle (HACA) pour des chaînes de production nationale, après un appel à concurrence. Attendu depuis longtemps, le mécanisme de libéralisation de l’espace audiovisuel s’installe peu à peu jusqu’à devenir dans quelques mois une réalité indéniable.
Dieudonné Wognin
Libéralisation de l’audiovisuel ivoirien : le grand bond technologique