C'est un nouveau compte à rebours pour Laurent Gbagbo et ses partisans, une nouvelle épreuve de nerfs. La Chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale rend, ce lundi 11 novembre 2013, une nouvelle décision sur la nécessité du maintien en détention de l'ex-chef d'Etat suspecté de crimes contre l'humanité.
Les juges avaient tenu une audience publique, le mercredi 9 octobre dernier, dans le cadre de l’examen périodique de la mise en détention des suspects. Leur décision devrait être rendue publique, ce 11 novembre, au plus tard. Cela doit se faire en audience publique ou par écrit, simplement. Jusqu'ici, les arrêts que les juges ont rendus sur la question de la liberté provisoire de Laurent Gbagbo sont allés dans le sens du maintien en détention du suspect.
Les détracteurs de l'ex-président se refusent à croire que ce dernier puisse bénéficier de la liberté provisoire en attendant un éventuel procès. Ils sont, en cela, confortés par les précédentes décisions rendues par les juges sur le sujet. Les partisans de l'ancien chef d'Etat, en revanche, continuent d'espérer que leur champion sera autorisé à sortir du centre pénitentiaire de Scheveningen.
Le 9 octobre dernier, Accusation et Défense avaient présenté leurs arguments devant la Chambre préliminaire. L'Accusation- entendons le bureau du Procureur- s'est généralement employée à démontrer que Laurent Gbagbo, s'il était mis en liberté provisoire, disposerait de moyens financiers et d'un réseau relationnel pour échapper à la justice. La Défense conduite par Emmanuel Altit s'est, chaque fois, inscrite en faux contre cet argument, plaidant la bonne foi de son client.
A l'audience du mercredi 9 octobre, le bureau du Procureur et la Défense avaient abordé- sous des angles naturellement différents- l'élargissement, deux mois plus tôt, des pro-Gbagbo jusqu'ici, en détention, dans les prisons ivoiriennes. « La chambre ne doit pas décider de libérer M. Gbagbo sous un prétexte politique mais plutôt juridique. Elle ne doit pas être influencée par les discours politiques (…) Ce n’est pas parce que des proches de Gbagbo sont libérés que M. Gbagbo doit recouvrer lui aussi la liberté », avait dit le Procureur (Cf. Soir Info du jeudi 10 Octobre 2013).
Pour Me Altit, au contraire, le fait que les proches de l'ex-chef d'Etat aient été mis en liberté, devrait s’inscrire dans un vaste mouvement de réconciliation. L'avocat français avait signifié : « le président Laurent Gbagbo doit être libéré pour participer à cette réconciliation ». Le fait pour les responsables du Fpi d'avoir été reçus par certaines chancelleries démontrait, selon Me Altit, que le parti de Laurent Gbagbo était légal. « Maintenir Gbagbo indéfiniment serait une prise de position politique de la part de la Cpi », avait relevé l'avocat.
Entre octobre et novembre 2013, les magistrats ont eu la latitude d'apprécier l'argumentaire des parties. Ils rendront, en toute souveraineté et indépendance, leur décision. S'ils convenaient de maintenir Laurent Gbagbo dans les geôles, son conseil pourra interjeter appel.
Notons que conformément à l'article 60 (3) du Statut de Rome et de la règle 118 (2) du Règlement de procédure et de preuve, la Chambre doit réexaminer sa décision de mise en liberté ou de maintien en détention au moins tous les 120 jours.
Kisselminan COULIBALY
« Liberté provisoire » pour Laurent Gbagbo: Nouveau compte à rebours - Photo à titre d'illustration