Lundi 21 avril dernier. Il est un peu plus de 20 h30mn. Des coups de feu retentissent à quelques mètres du domicile de la famille Tiémoko, à Locodjro, un village de la commune d’Attécoubé.
Le tireur en treillis est rapidement identifié par des villageois, témoins des faits, comme un Frci qui assure la sécurité des sites retenus pour la construction des logements sociaux dans ce village.
Le présumé meurtrier prend aussitôt la fuite, laissant dans une mare de sang le corps sans vie et criblé de balles de Tiémoko Joêl, né en 1996 à Bingerville. Toujours selon des témoins qui étaient avec la victime ce soir-là, Tiémoko Joêl s’est rendu sur le site de construction des futurs logements sociaux pour faire ses besoins. Après s’être soulagé, il est interpelé, à en croire ces témoins, par cet élément Frci qui le roue de coups et lui demande de ramasser ses excréments.
Sa victime s’exécute. Malgré cela, le soldat suit Tiémoko Joël sur la voie menant au domicile familial où à mi-chemin, il lui demande de se mettre à genoux. Ne pouvant plus supporter ces humiliations, Joêl refuse d’obtempérer.
Sans se poser de questions, l’élément des Frci ouvre le feu, le tuant sur le coup, à quelques mètres seulement du domicile de ses parents, la famille Tiémoko. Poursuivi par les jeunes, le meurtrier arrive à se volatiliser dans la nature, échappant à une mort certaine.
La nouvelle se répand comme une trainée de poudre. Toute la population est sur le pied de guerre contre les Frci. Des cargos de policiers investissent aussitôt le village. Grâce à la chefferie du village qui a appelé les jeunes à la retenue et à la raison, le bain de sang est évité de justesse.
La révolte reprend de plus belle hier matin où les forces de l’ordre reviennent sur les lieux. Les rues sont fermées à la circulation. Des cris de guerre fusent dans le village. Grâce encore à la médiation de la chefferie villageoise, aucun affrontement n’est signalé entre la population et les forces de l’ordre.
Le maire d’Attécoubé, Danho Paulin, le préfet de la région des lagunes et le secrétaire général de la préfecture d’Abidjan sont allés en fin d’après--midi pour tenter « d’éteindre » le feu qui jusqu’à notre départ de Locodjro couvait toujours.
Charles Bédé
Locodjro : Un Frci abat un jeune, la population se révolte - Photo à titre d'illustration