Abobo, la commune la plus peuplée de Côte d'Ivoire est-elle un No Man's Land ? Tout porte à le croire. Car les mendiants exerçant dans la cité du maire Adama Toungara ont décidé de braver la décision gouvernementale interdisant toute activité de mendicité aux carrefours des principales artères du district autonome d'Abidjan. Le vendredi 9 août 2013, de passage dans cette commune, aux environs de 11 h, ils mendiaient tranquillement au rond point d'Abobo. Un lieu mythique qui jouxte la mairie de la commune. Ni la présence des policiers ni celle des gardes municipaux positionnés à cet endroit, ne les inquiétaient. C'est seulement à la vue de notre reporter photographe que certains ont essayé de se cacher le visage avec des morceaux de pagnes défraîchis ou avec de vieux parapluies. D'autres, préoccupés par les présents qui affluaient au lendemain de la fête de l'Aïld El Firt ou Ramadan, étaient trop occupés à formuler des bénédictions en marmonnant des paroles en arabes soutenues de temps en temps par du malinké. Une vieille mendiante, qui a reçu un « sacrifice » composé d'un coq blanc et d'une petite boîte de bonnet rouge, des mains d'un jeune homme richement habillé, ne s'est même pas fait prier pour brandir, à notre vue, le présent qu'elle venait de recevoir. « Cette vieille est très têtue. Cela fait des jours qu'on lui demande de quitter le rond point, mais elle ne veut pas entendre raison. Les autres qui avaient accepté d'aller mendier ailleurs sont donc revenus », a indiqué une vendeuse de fruits installée à côté de la gare Utb.
Depuis donc le 5 août 2013, date d'entrée en vigueur de la mesure gouvernementale, les mendiants installés sur les artères principales de la commune d'Abobo semblent ne pas être concernés par la disposition prise par le ministre d'Etat, ministre de la Sécurité et de l'intérieur, Hamed Bakayoko. C'est aussi le cas des vendeurs ambulants dont la zone de prédilection est le carrefour Solibra, dans la commune de Marcory. Ces vendeurs à la criée informés de la décision du gouvernement ont décidé de ruser avec les forces de l'ordre réquisitionnées dans le cadre de l'application de la mesure.
En effet, ils ont mis en place une stratégie qui consiste à sortir de leur cachette, une fois le feu tricolore passe au rouge, pour proposer, dans un laps de temps, des articles aux automobilistes. Ils y retournent aussitôt quand le feu passe au vert. Mais à Yopougon, Adjamé, Cocody, Treichville et Koumassi les mendiants et vendeurs semblent avoir pris bonne note du communiqué du ministère d'Etat, ministère de la Sécurité et de l'intérieur. Ils étaient invisibles aux abords des principales artères. Il est bien de noter que c'est le 24 juillet 2013, que le ministre d'Etat, ministre de la Sécurité et de l'intérieur, Hamed Bakayoko, a pris un communiqué interdisant à partir du 5 août 2013, toute activité de mendicité aux carrefours des grandes rues du district autonome d'Abidjan. Il vise à assainir la ville d'Abidjan.
Elysée YAO
Lutte contre la mendicité en Côte d'Ivoire: mendiants et vendeurs défient le gouvernement. - Photo à titre d'illustration