« La Côte d’Ivoire enregistre près de 13000 personnes décédées du sida en 2019, malgré une réduction de 51, 7 % des décès depuis 2010. L’épidémie de Vih dans le pays est caractérisée par une prévalence de 2,39% en fin 2019 chez les 15-19 ans. Et 2/3 des personnes vivant avec le Vih sont des femmes et des jeunes ». Ce tableau alarmant qui dévoile la maladie toujours comme une priorité de santé publique a été présenté par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Aka Aouélé.
C’était à la faveur du lancement du nouveau rapport mondial de l’Onusida 2020 hier, au Plateau. C’est une rencontre virtuelle, organisée en amont de la conférence internationale sur le sida (Aids 2020), à laquelle le ministre ivoirien, Dr Aka Aouélé, a pris part pour partager l’expérience ivoirienne.
Après avoir fait le bilan de la pandémie du sida en cette période de crise humanitaire liée à la pandémie du Covid-19, le ministre a dévoilé le nouveau plan national stratégique 2021-2025 de la lutte.
Il s’agit, entre autres, de « réduire de 70% les nouvelles infections par le Vih, réduire de 50% la mortalité liée au sida. Et réduire la stigmatisation et la discrimination dans le respect des droits humains pour renforcer l’ensemble des interventions de prévention et de prise en charge du Vih/sida », a exposé le premier responsable de la santé.
Devant les personnalités comme Winnie Byanyayima, directrice exécutive de Onusida, Francois Rivasseau, ambassadeur représentant permanent de la France auprès de l’Office des Nations unies à Genève et des organisations internationales en Suisse, et Jeanne Gapiya, présidente des l’Anss (Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida au Burundi), Aka Aouélé a insisté sur « l’engagement de la Côte d’Ivoire en vue de l’élimination du Sida à l’horizon 2030 ».
« La Côte d’Ivoire n’atteint aucun des trois objectifs 90-90-90. Mais elle est sur la bonne voie pour atteindre le 2nd 90. En effet, le traitement antirétroviral est gratuit et accessible sur toute l’étendue du territoire national », a-t-il encouragé. Avant de préciser : « Le gouvernement a pris l’engagement d’augmenter progressivement et régulièrement les financements domestiques. Il a aussi augmenté sa contribution à l’incitation au co-financement qui est passée de 15 à 20 % au niveau du Fonds Mondial », a-t-il noté.
Dr Aka Aouélé a, dans son intervention, fait remarquer aussi que l’appui de partenaires dont l’Onusida est souhaitable pour améliorer les résultats et atteindre les 3 « 90 » ou mieux les 3 « 95 », a-t-il plaidé.
110 000 morts supplémentaires à éviter
Par ailleurs, le nouveau rapport Onusida 2020 présenté par Winnie Byanyima, directrice exécutive de l’Onusida, fait état d’un échec accentué par le Covid-19, tout en dévoilant des avancées disparates.
« Nous devrons mener des actions efficaces chaque jour de la décennie à venir pour remettre le monde sur la voie des objectifs 2030 et mettre fin à l’épidémie du sida », a-t-elle déclaré.
A l’en croire, « la pandémie de Covid-19 a lourdement perturbé la riposte au sida et pourrait continuer sur sa lancée. Une interruption totale de six mois du traitement contre le VIH entraînerait plus de 500 000 morts supplémentaires en Afrique subsaharienne l’année prochaine (2020-2021).
Ce revers ramènerait le taux de mortalité lié au sida dans la région à celui de 2008. Une interruption, ne serait-ce que de 20 %, provoquerait 110 000 morts supplémentaires », a averti directrice exécutive de l’Onusida.
Mme Byanyima a fait savoir que « depuis 2015, 3,5 millions d’infections au VIH et 820 000 morts supplémentaires liés au sida sont imputables à des objectifs non atteints. Elles auraient été évitées si les objectifs 2020 avaient été réalisés », s’est-elle attristée.
Jeanne Gapiya, présidente de l'Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida au Burundi, a quant à elle souligné que « mettre fin à la pandémie de Covid-19 dès 2020 et à celle de VIH comme enjeux de santé public à l’horizon 2030 ne constituent pas deux combats, mais un seul et même combat : le combat pour mettre fin aux inégalités et œuvrer pour le plein respect des droits humains de toutes et de tous », a-t-elle fait remarquer.
Le programme commun des Nations unies sur le VIH/sida guide et mobilise la communauté internationale en vue de concrétiser sa vision commune : « Zéro nouvelle infection à VIH. Zéro discrimination. Zéro décès lié au sida. »
Isabelle Somian
Le ministre Aka Aouélé croit fortement que le pays est dans le bonne dynamique même si des efforts restent à faire. (DR)