Après l’euphorie, le doute s’installe. Il y a trois jours, le gouvernement annonçait la remise en liberté de 3000 prisonniers.
L’action qui a été perçue comme un coup de grâce pour apaiser le climat sociopolitique a véritablement cédé la place au désespoir chez certains détenus du fait de l’imprécision au sujet des délits qui seront absous. « J’ai appris que la décision concerne seulement les trafiquants de drogue et ceux qui sont détenus pour abus de confiance », s’inquiète un prisonnier incarcéré pour vol, interrogé hier, depuis sa cellule, à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
D’autres parmi ses codétenus sont plus pessimistes et qualifient cette mesure gouvernementale de «cadeau empoisonné ». En effet, le conseil des ministres extraordinaire consacré à la mesure, a «décidé d’accorder une grâce collective à environ trois mille détenus, auteurs de certaines infractions de droit commun ». Et le communiqué du conseil des ministres de poursuivre : « sont exclus du bénéfice de cette grâce, les auteurs d’infractions militaires, de crimes de sang, d’atteintes à la sûreté de l’Etat, de vols de nuit, de vol en réunion, de vol avec effraction ou à main armée, de viol, d’attentats aux mœurs (attentats à la pudeur, de grossesse en milieu scolaire de la part des encadreurs), d’enlèvements d’enfants, d’évasions, de trafics de stupéfiants et d’infractions contre les biens (abus de confiance et escroquerie, extorsions de fonds) lorsque le préjudice résultant de ces infractions est inférieur ou égal à 25 000 000 francs et les auteurs de détournement de fonds publics». Devant cette pléthore de restrictions, des prisonniers se demandent finalement à qui va profiter cette grâce collective annoncée par le gouvernement en faveur de 3000 détenus.
Danielle Tagro
Maca - Des détenus entre doute et impatience - Photo à titre d'illustration