Les femmes détenues de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) ont pu s'exprimer ce jeudi, sur leurs conditions de détention, à l'occasion de la fête des mères organisée par la direction des affaires pénitentiaires (DAP) dans l'enceinte de la prison.
Elles ont notamment plaidé pour plus d’attention de la société à leur égard, afin de réussir leur réintégration sociale au sortir du milieu carcéral.
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La prison doit être un transit correcteur, un relai entre l’erreur et la correction, entre notre passé d’infracteur et notre futur d’acteur social et de citoyen respectueux des lois. Et cela ne peut se réaliser qu’avec la compréhension et la présence active de tous. Car il nous sera très difficile de réintégrer la société si elle nous maintient en permanence dans notre passé de détenues", a plaidé la porte-parole des 97 détenues du bâtiment F de la MACA.
Les détenues souhaitent entre autres, une amélioration de l’alimentation, le traitement accéléré des dossiers et l’information sur le statut pénal, la fixation des cautions, selon le statut social du prisonnier, ainsi que l’assistance tout au long de la détention et un suivi post-libération.
La présidente du comité d’organisation, Ouattara Korotoum de la sous direction de la réinsertion et des affaires sociales, bien que soutenant ce plaidoyer, a fait remarquer aux détenues l’importance de leur rôle dans la réussite des divers processus mis en œuvre pour leur changement.
Notons que la MACA ne comporte qu’une seule cellule pour héberger les femmes mineures qui y sont détenues
"Actuellement elles ont une seule cellule. Elles sont neuf et même si elles sont 10 ou 11 ou même plus elles partagent toutes cette seule cellule", a regretté le chef de poste de la brigade des mineures, Bêh née Bohi Lohi Hélène, qui appelle à une augmentation du nombre de cellules pour ces jeunes personnes pour qu’elles "soient plus à l’aise".
Au dire du chef de brigade, les détenues mineures "ont besoin de presque tout", notamment de l'alimentation, des vêtements, du matériels d’hygiène. " Elles nous fatiguent, il y a d’autres qui n’aiment pas se laver. Elles n’aiment pas entretenir leur cellule. Beaucoup d’entre elles sont abandonnées par leur famille, il faut les aider", a-t-elle plaidé.
Le régisseur de la MACA, Koné Hincléban a remercié les organisations non gouvernementales (ONG) et les partenaires pour leur aide. Il a reconnu les difficiles conditions de vie des prisonniers et de travail du personnel malgré les efforts du gouvernement et appelé la société à "tendre la main pour aider au relèvement" de toutes ces personnes qui ont fait une chute dans leur marche sociale.
La MACA héberge à ce jour 97 femmes de tous âges, de toutes les catégories socio professionnelles. Elles occupent le bâtiment F composé de 11 cellules. Elles sont contrôlées par 22 surveillantes qui forment trois brigades d’effectifs presque identiques. Ces brigades se relaient pour assurer le service.
Cette cinquième édition de la fête des mères, organisée en l’honneur des femmes détenues à la MACA en collaboration avec des ONG notamment "Fiers ivoiriens", a été agrémentée par des sketchs, des prestations de danses et de karaokés et une exposition des objets fabriqués par les détenues. Elle avait pour thème "les années 50".
APR/LBB
La Maison d'Arrêt et de Correction d'Abidjan (MACA)