Le président de la République malgache a confirmé, samedi 16 septembre lors d'un petit-déjeuner de presse, qu'il était favorable à une révision de la Constitution. La Loi fondamentale contient des imperfections, mais à la veille des élections de 2018, certains doutent de l'opportunité d'en changer.
Il y a dix jours, lors de son séjour à Londres, Hery Rajaonarimampianina avait été interviewé par la presse anglaise. Les journalistes l'avaient interrogé : « Votre Constitution (article 46, NDLR) prévoit que vous démissionnez 60 jours avant la date de l'élection présidentielle, êtes-vous enclin à réviser la Constitution ? »
Et le président de la République avait botté en touche : « Le changement de la Constitution ne dépend pas du président de la République uniquement. C'est le peuple qui a voté ça. Je pense que les discussions sont en cours. Donc on attendra l'évolution de ces discussions. »
Depuis dix jours, donc, le débat fait rage entre la presse pro-pouvoir en faveur d'une révision et la presse d'opposition qui appelle même à la démission du président en cas de « non » au référendum. Un projet de révision de la Constitution doit en effet être approuvé par les membres de l'Assemblée nationale et du Sénat avant d'être soumis à référendum.
Le précédent Rajoelina
Selon plusieurs associations de la société civile, dont l'Observatoire de la vie publique, la Constitution contient effectivement des imperfections. Mais à la veille des élections de 2018, ce n'est plus le moment de toucher à la Loi fondamentale, estiment certains.
La société civile craint qu'un changement brusque de Constitution ne vienne troubler l'opinion. En 2010 déjà, l'opposition avait reproché à Andry Rajoelina, alors président de la Transition âgé de 36 ans, d'avoir changé l'article 46 à son avantage. L'âge minimum du candidat à la présidentielle était passé de 40 à 35 ans.
Aujourd'hui, l'article 46 de la Constitution de la IVe République ordonne que « le président de la République en exercice qui se porte candidat aux élections présidentielles démissionne de son poste 60 jours avant la date du scrutin ».
Délai trop court ?
Pour la presse d'opposition, Hery Rajaonarimampianina souhaite modifier la Loi fondamentale afin de se maintenir au pouvoir, s'assurant ainsi le contrôle de l'appareil administratif qui favoriserait sa propagande et donc sa réélection.
Lors d'une conférence de presse samedi dernier, l'actuel locataire de Iavoloha a tenu à justifier la nécessité d'une révision de la Constitution, qu'il juge imparfaite et incohérente en pointant du doigt l'article 47. Cet article dispose que « l'élection du président de la République a lieu trente jours au moins, et soixante jours au plus, avant l'expiration du mandat du président en exercice ».
La fin du mandat du président Hery étant arrêtée au 25 janvier 2019. L'organisation du scrutin devrait se dérouler entre le 24 novembre et le 24 décembre 2018. Selon Hery Rajaonarimampianina, le délai est trop court pour organiser une élection à Madagascar compte tenu des difficultés rencontrées lors des précédents scrutins.
Le président malgache Hery Rajaonarimampianina. © Reuteurs/Lintao Zhang