Plusieurs personnes soupçonnées d’être des jihadistes ont été arrêtées lundi dans le sud du Mali, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, et ont été transférées mardi vers Bamako, ont indiqué à l’AFP des sources de sécurité maliennes.
"Au moins quinze présumés jihadistes ont été arrêtés à Zégoua", dans la région de Sikasso, "ils ont été transférés mardi à Bamako", la capitale, a déclaré une première source de sécurité.
Selon elle, les arrestations ont été effectuées lundi soir. Les personnes arrêtées voyageaient dans un car en provenance de la Côte d’Ivoire. Parmi
elles, figurent des Maliens, des Mauritaniens et certaines d’entre elles étaient en possession de passeports français. Leur identité était en cours de vérification, pour déterminer s’il s’agit réellement de Franco-Maliens ou si les passeports français sont des faux.
Une seconde source de sécurité malienne ainsi qu’une source proche de l’enquête ont eux aussi fait état d’arrestations de jihadistes présumés à Zégoua (environ 460 km de Bamako), première ville malienne après la frontière ivoirienne.
Lundi, "j’ai vu des gens arrêtés par les services de sécurité. Mais je ne peux dire ni combien ils sont, ni leurs nationalités", a de son côté témoigné un fonctionnaire en poste à Zégoua, joint de Bamako.
A ce stade de l’enquête, "il est clair que ce ne sont pas des voyageurs normaux" qui ont été arrêtés, "nous sommes en train de vérifier si les passeports français détenus par des Maliens sont des vrais", a affirmé la seconde source de sécurité, précisant que "deux des passagers arrêtés ont reconnu être des membres de la Dawa, une secte islamiste".
Une source de sécurité ivoirienne à la frontière avec le Mali, jointe par téléphone par l’AFP, a également évoqué les arrestations, indiquant que les voyageurs étaient partis d’Abidjan, la capitale économique ivoirienne.
"Selon les premières informations, en prenant leur ticket de transport à Abidjan, certains des passagers arrêtés ont affirmé qu’ils allaient à Bamako, alors que d’autres ont déclaré vouloir se rendre dans la localité de Gogui", dans le nord-ouest du Mali, près de la frontière avec la Mauritanie, a déclaré cette source.
Ces arrestations interviennent moins d’une semaine après celle d’un membre présumé d’Ansar Dine, groupe jihadiste du nord du Mali.
Ce jihadiste supposé, "fidèle du terroriste Iyad Ag Ghaly (le chef d’Ansar Dine)", a été intercepté sur le chemin de Bamako dans la nuit du 9 au 10 juillet, avec en sa possession des documents et vidéos de propagande islamiste, d’après une source de sécurité.
Les 9 et 10 juillet, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) et certains pays occidentaux, dont la France, avaient demandé à leurs personnel et
ressortissants à Bamako de "redoubler de vigilance" en raison de menaces d’attentat à Bamako.
Le chef d’Ansar Dine a revendiqué de récentes attaques commises au Mali, le 27 juin contre un camp militaire à Nara (nord-ouest), près de la frontière mauritanienne, et le 28 juin à Fakola (sud), près du territoire ivoirien.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes, dont Ansar Dine et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), après la déroute de l’armée face à la rébellion touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Bien que les jihadistes aient été dispersés et en grande partie chassés de cette vaste région à la suite du lancement, en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, des zones entières échappent encore au contrôle des autorités maliennes comme des forces étrangères.
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Photo:REUTERS/Joe Penney / Soldats maliens à Bamako.