A Malte, trois migrants subsahariens (1 Ivoirien et 2 Guinéens) ont comparu devant un tribunal de la capitale La Valette, samedi dernier. Ils sont accusés d'avoir détourné par la force un navire qui les avait secourus au large des côtes libyennes et qui les ramenait, sans les avoir prévenus, à Tripoli.
Les accusés auraient ensuite conduit le vaisseau, sous la menace, jusqu'aux eaux territoriales maltaises. Le navire a finalement été arraisonné par la marine maltaise et tous les passagers ont été débarqués sur l'île. Les trois passagers accusés d'avoir été les meneurs de la mutinerie sont désormais poursuivis en vertu d'une loi antiterroriste et risquent jusqu'à trente ans de prison.
L’avocat des trois migrants raconte qu’ils sont sous le choc et sans voix. Ce sont trois adolescents, deux Guinéens et un Ivoirien âgés de 15, 16 et 19 ans. Ils sont accusés « d’activités terroristes » pour avoir contraint le capitaine du tanker Elhiblu 1 à faire route vers l'Europe en début de semaine dernière, alors qu'il les ramenait à Tripoli.
Ils risquent de 7 à 30 ans de prison. Présentés au tribunal samedi, ils ont plaidé non-coupables. La libération sous caution leur a été refusée et, désormais, leurs avocats s'efforcent de leur expliquer où ils sont et surtout de prévenir leurs familles au pays.
Le navire bloqué à quai
Les autres passagers - plus d'une centaine, dont 12 enfants - ont pour leur part été placés en centre de rétention, comme c'est la procédure en pareil cas. Les agents du HCR qui ont pu les rencontrer disent qu'à leur débarquement, ils étaient affamés et déshydratés, et que beaucoup portaient tous des traces des tortures subies en Libye.
Quant au bateau, venu de Turquie, il est toujours amarré au port de La Valette. Le capitaine, Turc, le premier officier, Libyen, et les marins, Indiens, ne peuvent ni quitter le navire ni communiquer avec l'extérieur dans l'attente de l'avancée de l'enquête.
Avec RFI
Les forces spéciales sur le cargo « Elhiblu 1 » à Malte. Le acrgo a été détourné par des migrants qu'il avait secourus mais qui ne voulaient pas être reconduits en Libye, le 28 mars 2019. © REUTERS/Darrin Zammit Lupi