Le roi du Maroc a gracié Hajar Raissouni, qui avait été condamnée à un an de prison ferme pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ». Les poursuites engagées contre la jeune femme, et sa condamnation, ont provoqué un vif débat au sein de la société marocaine.
Le ministère marocain de la Justice a annoncé ce mercredi qu’une grâce royale a été accordée à Hajar Raissouni, selon un communiqué diffusé par la MAP, l’agence de presse officielle. Son fiancé a également été gracié, ainsi que tous les membres de l’équipe médicale qui étaient poursuivis dans ce dossier.
Cette grâce a pour but de « préserver l’avenir des deux fiancés qui comptaient fonder une famille conformément aux préceptes religieux et à la loi, malgré l’erreur qu’ils auraient commise et qui a conduit à cette poursuite judiciaire », précise le communiqué du ministère marocain de la Justice.
Un procès qui a ouvert le débat
La jeune femme, journaliste au quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, avait été condamnée par le tribunal de première instance de Rabat à un an de prison ferme, le 30 septembre dernier, pour « avortement illégal » et « relations sexuelles hors mariage ».
Arrêtés et jugés en même temps qu’elle, son gynécologue avait écopé de deux ans de prison ferme, son fiancé d’un an, un anesthésiste d’un an avec sursis, et une secrétaire de huit mois avec sursis.
Elle avait été arrêtée le 31 août par six policiers à la sortie d’un cabinet médical de Rabat. L’arrestation de cette journaliste, travaillant pour l’un des principaux quotidiens nationaux, a immédiatement créé une polémique au Maroc, et au-delà. Plusieurs observateurs estimant notamment que Hajar Raïssouni, sympathisante du mouvement islamiste et démocrate, supportrice du Hirak, mouvement social dans le Rif, payait par cette procédure ses engagements – Hajar est aussi la nièce d’Ahmed Raïssouni, l’un des oulémas les plus influents du monde arabe, voix conservatrice mais aussi critique des institutions politiques marocaines.
Son arrestation et le procès qui a suivi a également relancé le débat sur le droit à l’avortement au Maroc. Le Conseil national des droits humains (CNDH), une institution chargée de promouvoir la protection des droits de l’homme, a ainsi annoncé qu’il présenterait rapidement des recommandations pour amender le Code pénal en faveur d’une dépénalisation de l’avortement.
Un homme brandissant une pancarte demandant la libération de la journaliste Hajar Raïssouni, lundi 9 septembre 2019 à Rabat. © Mosa'ab Elshamy/AP/SIPA