Médias/ Eugène Dié Kacou critique la RTI : ‘‘Les journalistes font trop de fautes pendant le journal’’

  • 16/08/2013
  • Source : L'Intelligent d'Abidjan

Le ‘’doyen’’ Eugène Dié Kacou n’a pas utilisé la langue de bois pour traduire son indignation face au faible niveau, selon lui, des journalistes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI). C’était le mercredi 14 août 2013, lors d’une conférence qu’il a animé à L’Université de l’Atlantique à Cocody.

‘’Les Universités d’Eté’’ organisées par ce temple du savoir avait pour invité, pour le premier rendez-vous hebdomadaire, Eugène Dié Kacou, ancien journaliste à la RTI. Qui, de l’avis de l’ex-patron du Conseil national de la presse (CNP), a perdu ses lettres de noblesse. Eugène Dié Kacou dit ne plus reconnaître cette grande RTI qui a fait découvrir aux téléspectateurs des grands journalistes comme Mamadou Ben Soumahoro, Serges Pacôme Ahoulou, Souleymane Doumbia, Danièle Boni Claverie,... « Quand on a vu ces grands journalistes présenter le journal, aujourd’hui on est frustré. (…) Les journalistes font trop de fautes pendant le journal», a fustigé celui qui a passé presque toute sa carrière à la RTI. Le problème demeure, dira-t-il, « parce que la nouvelle génération a la tête en l’air, tombe dans le piège de la ‘’starmania’’ et refuse les critiques. Les jeunes d’aujourd’hui n’acceptent pas qu’on relève leurs fautes ». Présentateur à l’époque de l’émission ‘’Pas comme les autres’’, Eugène Dié Kacou relève aujourd’hui des insuffisances : « Depuis que nous sommes partis, il n’y a plus de documentaires à la RTI. (…) C’est la chose la plus difficile à faire. Soit, ils (Ndlr : les journalistes) ne peuvent pas le faire ou ils ne veulent pas le faire ». La concurrence favorisant la qualité, Eugène Dié Kacou souhaite que l’Etat accélère le processus de libéralisation de l’espace audiovisuel. « Si on libéralise, admet-il, et qu’il y a de nouvelles télévisions qui font du bon travail, on ne pourra pas leur interdire d’avoir la publicité. (…) Soit la RTI s’améliore ou elle disparaît !». La RTI n’était pas la seule cible de l’ancien-patron du CNP. Il a également porté des critiques sur les médias internationaux en l’occurrence la radio Africa N° 1 et la télévision Africa 24. Pour lui, ces deux (2) chaînes, en termes de programme et sur le plan du niveau des journalistes, ne sont pas à la hauteur. Eugène Dié Kacou a exposé autour du thème « Le regard de la presse occidentale sur l’Afrique ». Pour l’ex-directeur de publication du journal Téré, les difficultés que rencontrent les journalistes sous les tropiques laissent le champ libre à la presse occidentale pour s’engouffrer sur le continent « et pour parler des choses qu’elle ne connait pas, qu’elle juge à des milliers de kilomètres. (…) Ainsi des pseudo-spécialistes s’autorisent à parler de l’Afrique sans y mettre les pieds ». Le conférencier a dénoncé la manipulation de l’information par la presse occidentale : « On peut constater par exemple que pendant qu’ailleurs en Europe, les guerres sont appelées nationalismes serbes et nationalismes croates, en Afrique la même presse parlera de guerres tribales sans objet réel ». Il s’est, toutefois, offusqué que les Africains eux-mêmes prennent pour argent comptant tout ce qui est dit dans la presse occidentale. Bien avant, Alioune Mané, président de l’Université de l’Atlantique, a indiqué que les ‘’Universités d’Eté’’ qu’organisent son établissement autour du thème générique : « Les tendances africaines actuelles » visent à renforcer les capacités des étudiants et des journalistes en activité.

R.Dibi