Le régime Ouattara semble plus que jamais déterminé à mâter toute velléité de déstabilisation. A la faveur d'une émission sur les antennes de la première chaîne dans la soirée du jeudi 27 juin dernier, l'un de ses sécurocrates a en effet brandi le glaive contre tous ceux qui seraient tentés de renverser Alassane Ouattara par la force.
« Nous serons intraitables face aux déstabilisateurs et sur la question de la stabilité du pays », a martelé le ministre de la Sécurité et de l'Intérieur, Hamed Bakayoko. Il venait auparavant de révéler sur le plateau le contenu d'un enregistrement dans lequel le commandant Jean-Noël Abéhi, un des farouches défenseurs du défunt régime Gbagbo, se proclamait chef de l'Etat après qu'il aura réussi un coup d'Etat. Le célèbre gendarme du camp d'Agban déclarait notamment depuis Accra au Ghana : « Face à cette situation( la guerre Ouattara-Gbagbo, qui a abouti à l'arrestation du second, ndlr), les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire, responsables de la défense opérationnelle du territoire, ont décidé, par ma voix, de prendre toute la mesure de leur responsabilité.
C'est pourquoi, à partir de cet instant, le chef de l'Exécutif de Côte d'Ivoire, est votre modeste serviteur, le colonel Abéhi Jean-Noël... ». En diffusant ce document, jusque-là tenu secret, le ministre de l'Intérieur a voulu à nouveau prendre à témoin l'opinion nationale et internationale des projets de déstabilisation du pouvoir que nourriraient des pro-Gbagbo depuis l'extérieur. Projets que des partisans de l'ancien régime ont tendance à présenter comme des scénarios sortis tout droit de l'imagination des sécurocrates du pouvoir. Une fois ces preuves brandies, le régime s'estime alors fondé à bander les muscles et menacer de faire tomber la foudre sur ces instigateurs de coups de force.
A écouter Hamed Bakoyoko, le gouvernement se donnera les moyens de riposter à toute velléité de prise du pouvoir par les armes. La réaction, prévient le premier flic ivoirien, sera énergique. Sans merci. Le moins qu'on puisse dire, c'est que par sa voix, Alassane Ouattara, montre là qu'il n'entend pas céder son fauteuil sous la pression des armes à ceux qu'il a réussi à bouter dehors au terme d'une bataille épique qui a fait 3000 morts. Quitte à les mâter sans ménagement, sans craindre d'être interpellé pour usage disproportionné de la force. Car, à en croire le ministre de l'Intérieur, il s'agit d'une question de vie ou de mort.
En effet, a-t-il soutenu, si la guerre qui les a opposés au camp Gbagbo avait basculé en faveur de ceux-ci, ils auraient, eux, péri. Aussi se moque-t-il bien que d'aucuns crient à la justice des vainqueurs s'agissant des procédures engagées par le régime contre les dignitaires et autres militaires ayant soutenu le pouvoir de Gbagbo durant la crise post-électorale. « Je préfère la justice des vainqueurs au cimetière des vaincus », a-t-il asséné, envoyant paître les détracteurs du régime Ouattara.
Par ces mots, Hamed Bakayoko laisse entendre que les tenants du pouvoir sont bien heureux d'être sortis vainqueurs d'une confrontation qui aurait pu tourner à la tragédie pour lui et son camp ; sans que cela n'émeuve personne. Dans le même temps, il réaffirme la détermination du régime à ne ne rien céder à ceux qui rêvent de les chasser du pouvoir par les armes. « Le temps des coups d'Etat, c'est fini », lance-t-il, sûr de son fait.
Assane NIADA
Menace de destabilisation: Le pouvoir sort ses griffes - Photo à titre d'illustration