La Côte d’Ivoire risque de perdre l’un de ses fleurons en matière d’industrie de carrosserie de bus et de car. C’est ce qui ressort de la conférence de presse animée samedi dernier par Jean Alexis Lopes, Directeur général de la Carrosserie industrielle de la Côte d’Ivoire (CARICI), au siège de la structure, à Treichville, sur le boulevard Valery Giscard d’Estaing. En effet, il a fait savoir que des personnes veulent s’approprier les terrains de la société Carici.
Il ressort de l’intervention de Jean Alexis Lopes que la société est menacée d’expulsion de ses locaux donc de disparition au point où il a dû adresser un courrier au chef de l’Etat pour lui faire part de la situation qui prévaut. Surtout que ce jour, doit être prononcé par le tribunal, la décision d’adjudication de la vente du terrain de l’entreprise avec son corollaire de mise en chômage de 300 employés dont plusieurs ont au moins 30 ans de service.
La Carici va alors perdre tous ses terrains, même ceux implantés là où elle se trouve. Pour Lopes, c’est parce que la procédure de droit a été viciée. Jean Alexis Lopes explique que comme toutes les entreprises, la crise postélectorale a occasionné de nombreuses difficultés financières au niveau des sociétés et la Carici n’y a pas échappé.
Pour poursuivre ses activités, elle a été contrainte à l’endettement auprès de certaines banques. C’est ainsi que les 29 mai 2011 et 5 mars 2012, elle a dû hypothéquer deux de ses immeubles en zone 3 (objet des titres fonciers 1100 et 2468). Malheureusement, face à des problèmes de trésorerie, la Baci a initié une procédure de saisie-vente des immeubles hypothéqués à son profit pour obtenir le remboursement de 897.131.091 Fcfa majorée par les frais de procédure et d’huissier.
D’un autre côté, la Sib, créancier poursuivant la Carici, a déposé des dires aux fins de collocation des fruits de la vente des immeubles saisis. Et cela, pour un montant de 3.224.521 Fcfa en principal. La mise à prix a été fixée à 700 millions Fcfa pour l’un des immeubles et 250 millions Fcfa pour l’autre. « Cela est une violation flagrante de la loi qui stipule que la mise en vente d’un bien saisi doit se faire au minimum au quart de sa valeur. Dans ce cas précis, ces deux immeubles ont été évalués, déjà en 2003, respectivement à 2,625 milliards Fcfa et 2.544.368.870 Fcfa.
Deuxième vice de forme de cette mise en vente finalement adjugée le 3 février 2014, le jugement d’adjudication n’a pas statué sur les dires de collocation de la Sib en sa qualité de créancier hypothécaire », explique Lopes. Le conseil de la Carici a alors initié une procédure en annulation du jugement d’adjudication.
Mais, contre toute attente, selon le conférencier, le président de la 3ème formation, juge qui doit statuer sur la demande en annulation, refuse que la Carici dépose ses moyens de défense et met l’affaire en délibéré au 16 juin 2014. Il refuse également, ‘‘sans aucun motif, de rabattre le délibéré comme le lui demande le conseil de cette société’’.
Pour Lopes, rien ne justifie encore que le juge se rende lui-même, en compagnie du représentant de la SCI Les Acacias, adjudicataire des immeubles saisis, à la Carici, pour « convaincre M. Georges Vandenbrouck, alors Pdg de cette entreprise de fabrication de carrosserie, de vendre son usine à un ressortissant libanais. Poussant l’audace jusqu’à se rendre au domicile de M. Vandenbrouck pour les mêmes raisons ». Lopes se dit offusqué que de tels agissements existent encore au moment où la Côte d’ Ivoire cherche à devenir un pays émergent à l’horizon 2020.
Et tout cela, souligne-t-il, pour y construire un supermarché à la place d’une industrie de car qui existe déjà et qui a de grands projets pour la Côte d’Ivoire et qui à terme, ‘‘devrait employer 1500 personnes’’.
« C’est ce lundi matin qu’on doit connaître le délibéré de cette affaire. Si ce juge confirme l’adjudication, la Carici disparaitra », dit-il amèrement. Surtout que des Ivoiriens perdront leur emploi alors que son entreprise est en train de sortir la tête de l’eau. « L’entreprise a commencé à remonter la pente et dans seulement 3 mois, pourra rembourser ses créanciers.
Elle bénéficie du soutien de grands groupes comme Volvo-Renault Trucks qui sont prêts à aider la Côte d’Ivoire dans sa politique de renouvellement de son parc automobile.
Les patrons de Volvo Bus et le vice-président de Renault Truck seront bientôt en Côte d’Ivoire pour rencontrer les autorités ivoiriennes afin d’investir dans nos activités. Nous devons bénéficier, en janvier prochain, de 35 millions d’euros (22 milliards de FCFA) de garantie bancaire et construire une usine de montage des bus Renault », révèle Lopes qui sollicite l’intervention du chef de l’Etat et du Premier ministre Daniel Kabaln Duncan.
Photo à titre d'illustration / 300 employés de la Carici appellent Ouattara au secours