Dans le nord de la Côte d'Ivoire, Bouaké se remet toujours de la vague de mutinerie qui a secoué la ville avant de se propager au reste du pays. Il y règne désormais un calme relatif après cette crise qui a rappelé les heures sombres du pays. L'occasion de rappeler le rôle crucial des religieux dans l'apaisement.
Lunettes noires, boubou bleu et collier de barbe, le grand imam de Bouaké, Badjawari Touré, est assis dans sa cour, entouré des sages musulmans de la ville. Avec l'archevêque, il s'est investi dès le début pour raisonner les mutins et a même servi d'intermédiaire au président Ouattara.
« Nous les avons sensibilisés à la bonne éducation, au respect d'un fils pour son père, d'un croyant pour son guide », estime-t-il avant d’ajouter : « Entre les balles, jusqu'à deux heures du matin, ce n'est pas facile pour un homme âgé comme moi. Mais seuls les religieux étaient écoutés. Alors pour ne pas revivre une guerre, on s'est levés et les mutins se sont ressaisis. »
« Analyser les revendications »
Entre cérémonie de paix avec plus de 300 imams et cérémonie de pardon avec les mutins, le grand imam est sur tous les fronts et à l'écoute des revendications, même si certaines font grincer des dents.
« Cela ne me choque pas qu'ils aient réclamé 12 millions. Ils ont peut-être été victimes d'une injustice », », commente le religieux. « J'ai demandé au chef de l'Etat de bien analyser les revendications, car l'objectif était de ramener la paix. Tout commence toujours à Bouaké. Nous voulons que du bonheur sorte de notre ville et non du malheur », conclut-il.
Son bras droit, l'imam Idriss Sidibé, président du Forum des confessions religieuses, estime que la population est à cran. Il reste néanmoins optimiste. Selon lui, même si le gouvernement a accepté les revendications des mutins en 2014 et 2017, les soldats ne se révolteront plus.
Photo:DR / Cérémonie de pardon à Bouaké avec autorités, religieux, militaires et mutins après les Mutineries de janvier.