En déferlant dans les rues de Bouaké, de Korogho, d’Odiéné et même d’Abidjan, armes aux poings et tirant des rafales en l’air en début d’année, les soldats mutins, ont provoqué la panique en Côte d’Ivoire.
Pour apaiser la tension, le président Ouattara a fait des promesses qui du reste, ont été difficiles à honorer. Alors que le moratoire demandé par le gouvernement s’achève, le ton monte dans le rang des ex-rebelles qui soupçonnent un nouveau report de l’échéance. Mais Ouattara est-il prêt à les satisfaire ?
En sortant le cash de 5 millions de FCFA sur les 12 convenus en début d’année, le président Alassane Ouattara croyait pouvoir se donner de répit face aux mouvements d’humeur d’ex-rebelles. Mais son repos ne sera que d’une courte durée puisque les 8500 soldats sont visiblement à bout de patience.
Les ex-rebelles qui se sont fait rouler dans la farine une fois déjà après les accords de Ouagadougou signés en 2007 avec l’opposant Alassane Ouattara d’alors, sont désormais décidés à se faire payer les 7 millions chacun, promis par le gouvernement. Mais face à l’appétit suscité par cette manne financière au profit des « soldats de la 24è heure » en janvier, des éléments de l’armée régulière, de la gendarmerie, des sapeurs pompiers ont aussi mutiné. Les fonctionnaires sont également entrés en grève. Incapable de répondre financièrement à toutes ces sollicitations, le président Ouattara a rapidement négocié un moratoire de trois mois avec les ex-mutins de Bouaké, en vue du versement de la mensualité de 1 million par soldat sur 7 mois.
Mais à mesure que vient à échéance ce moratoire, des signes d’impatience sont de plus en plus perceptibles dans le rang des ex-rebelles de Bouaké. Même la délégation de hauts dignitaires musulmans, dépêchée par le président Ouattara dans le nord du pays pour apaiser les « très fâchés » ,n’a pas pu obtenir gain de cause. De sources concordantes, la mission de bons offices, conduite par le très respecté Cheick Boikary Fofana, président du Conseil supérieur des imams, a tourné court.
Or, le pouvoir voulait non seulement préparer les ex-mutins à un nouveau report mais aussi et surtout, obtenir la garantie d’un bon déroulement des jeux de la Francophonie en juillet prochain, sans bruits de botte. Mais les émissaires du gouvernement sont revenus bredouilles. A mesure que s’approche le mois de mai, au cours duquel une nouvelle enveloppe est attendue par les soldats, la pression s’accroît sur le président Alassane Ouattara. Ne pas satisfaire ses anciens complices, reviendrait à une nouvelle trahison pour des ex-rebelles, qui tirent leur légitimité de leur intégration dans l’armée nationale. Pour qui connaît les difficultés actuelles du pouvoir ivoirien, le président Ouattara se trouve entre le marteau et l’enclume.
Christophe SESSOU
Photo d'archives à titre d'illustration / le président Ouattara a fait des promesses qui du reste, ont été difficiles à honorer