“Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots», disait le Révérend Martin Luther King. Les députés qui ont en ce moment entre leurs mains, le destin de la Côte d’Ivoire doivent sérieusement méditer ces paroles. Car dans la vie d’une nation, il y a des décisions qui s’imposent parfois. Il y va du devenir cette nation.
Les intérêts individuels et partisans, dans ce cas, doivent s’effacer pour ne privilégier que l’intérêt du peuple. C’est en cela que les décisions que vont prendre les représentants du peuple au cours de la session extraordinaire qui s’est ouverte le lundi dernier est capital. Non seulement les locataires de l’Hémicycle ont obligation de voir où se trouve l’intérêt du peuple. Mais aussi ils doivent comprendre qu’ils ont rendez-vous avec l’Histoire. La session extraordinaire qui vient de s’ouvrir leur en donne l’occasion. Les Ivoiriens attendent une seule chose. Que les projets de loi portant sur la nationalité, le foncier rural et l’apatridie soient adoptés. Pour une simple raison. L’histoire récente de la Côte d’Ivoire montre combien de fois ces trois questions sont cruciales pour notre pays. Les larmes et les pleurs des victimes de la crise postélectorale résonnent encore dans nos oreilles.
Les estropiés et les morts de la rébellion interpellent en ce moment même nos consciences. Les veuves et les orphelins de la décennie de feu qui vient de s’écouler, continuent de se lamenter et nous rappellent tout le temps les horreurs de nos inconséquences. Réintroduire la naturalisation par déclaration n’est pas seulement un devoir. Mais une question de bon sens. Ces dix dernières années, les malheureux événements vécus par tous les habitants de ce pays démontrent qu’il faut être fou pour ne pas comprendre que la question de la naturalisation des immigrés et fils d’immigrés qui vivent dans ce pays avant l’indépendance pour certains et pendant plus de 30 ans pour d’autres, doit être définitivement réglée, si la Côte d’Ivoire veut réellement avancer. Tous ceux qui pensent le contraire se comportent comme de nouveau-nés. Ils oublient que c’est cette question qui est à la base de la grave crise qu’a connue notre pays. Ne pas régler la question maintenant serait suicidaire et criminel pour les Ivoiriens. La Côte d’Ivoire, pour de venir véritablement une nation, est obligée de trouver une solution durable et définitive à cette question.
En réglant cette question, on gère en même temps le problème des cas d’apatridie. Les textes introduits par le Gouvernement devant les députés, visent à mettre la Côte d’Ivoire à jour à ce niveau en ce qui concerne les engagements qu’elle a pris au plan international. Et non à procéder à une naturalisation en masse d’étrangers. Le Président de la République, Alassane Ouattara, l’a déclaré le 7 août dernier, lors de son interview radiotélévisée, il ne s’agit pas de modifier les textes de loi en vigueur sur la nationalité. Il est question de donner la possibilité à tous ceux qui n’ont eu la possibilité d’utiliser leur droit d’option à l’époque de la déclaration de le faire. C’est la même chose pour le foncier rural. L’Histoire démontre que touts les grands conflits sont partis des problèmes liés à la terre. La Côte d’Ivoire n’échappe pas à cette réalité. Mais celle-ci n’est pas une fatalité. Il suffit tout simplement d’une bonne dose de volonté politique pour juguler la question. La voie royale dans ce cas là reste l’adoption d’une loi. Depuis 1998, c’est fait. Mais dans son application, cette loi a connu des fortunes diverses. Le Gouvernement veut maintenant qu’elle soit appliquée sur le terrain. D’où le projet de loi portant, non sur son contenu comme veulent le faire croire certains. Mais plutôt sur le prolongement du délai de dix ans dans lequel son applicabilité était inscrite. Aux élus de la Nation de le comprendre et de sauver la Côte d’Ivoire. Pour de bon.
Jean-Claude Coulibaly
Nationalité, foncier, apatridie… : Elus de la nation, sauvez la Côte d’Ivoire ! - Photo à titre d'illustration