Le clientélisme dont Henri Konan Bédié, président réélu du Pdci, fait l’objet d’accusation, dans le choix des membres des instances du parti, est chaque jour accrédité par de nouvelles révélations sur l’omniprésence de sa famille.
La grogne enfle, la crise s’accentue, les menaces de démission aussi et la colère s’est emparée de tout le monde autour du « Sphinx de Daoukro ». Ayant certainement pris la mesure du danger qui guette son parti, Bédié, selon un confrère proche de son parti « a décidé de tout dissoudre et de mettre en place, de nouvelles instances », après des consultations « avec la base ». Mais il en faudrait peut être un peu plus, pour calmer les frondeurs qui demandent maintenant la tête de Bédié lui-même.
Aujourd’hui, ce sont de très proches de Bédié qui affirment avoir souffert pour lui au Pdci, mais qui ont été laissés pour compte dans les nominations, qui ont décidé de faire le grand déballage. Ainsi, selon eux, M. Koné Moussa Claude, qui porte le N° 245 au bureau politique « n’est autre que le frère de Mme Henriette Bédié », l’épouse du président du parti. Dénonçant toujours « des coups bas et des intrigues qui ont sacrifié les vrais militants », ces cadres soutiennent que « Adams Koua Traoré, N° 44, est l’époux de Bédié Lucette, fille de Konan Bédié. Monsieur et Madame Adams Koua Traoré sont tous les deux membres du bureau politique. H.K.B ne s’arrête pas là. N’Dri Jean-Claude, N° 319, est le fils de Yocoily Jean, époux de la sœur ainée de Mme Henriette Bédié. La famille du président du parti n’est pas la seule à étrangler les instances du Pdci par leur présence massive.
Ainsi, Boa Amoakon Edjapam Thiémelé, vice-président, qui fait office de N° 2 du Pdci, lui aussi, a fait nommer plusieurs de ses frères, dont Boa Thiémelé Eugène, N° 112, Amoakon Banga, N° 72, et son cousin Adom Guillaume. Lénissongui Coulibaly a mordu à l’appât du clientélisme en faisant nommer son épouse, Lénissongui Andrée, N° 293.
Pour sa part, le ministre Jean-Claude Brou se retrouve également, au bureau politique, avec son épouse, Jacqueline Brou, N° 127. Diagou Jean-Baptiste, le patron des patrons de Côte d’Ivoire porte, lui, le N° 155, quand sa propre fille, Bénédicte Jeannine Diagou, porte le dossard N° 154. Idem pour le ministre Charles Koffi Diby, N°159 et son épouse, Diby N’Goran Béatrice, N° 160, est la nièce du président du parti, le « Bouddah de Daoukro ». Chatigre Evariste, le médecin personnel de Bédié n’a pas été oublié, ainsi que Mme N’Dabian Adèle, N° 315, qui n’est autre que la sœur cadette de Mme Henriette Konan Bédié. Henri Konan Bédié est par ailleurs la cible des cadres pour avoir promu, des militants « papillons », tel Avi Adroh, N° 12, bombardé inspecteur du parti, alors qu’il y a trois mois, ce dirigeant de l’Eglise Papa nouveau, adhérait au Rdr (Rassemblement des républicains).
Dans les rangs des partisans de certains pontes du parti, la colère gronde également et l’indignation implacable. Ainsi, dans les communes du Plateau et de Cocody, les militants s’élèvent contre les limogeages, de la tête des délégations d'Akossi Bendjo et de N’Gouan Mathias, maires de ces communes. Il en va de même à Bloléquin où Dagobert Banzio a été « étêté », Kouassi Kobenan Adjoumani, « déboulonné » dans le Gontougo, Dr Aka Aoulé, dans sud-Comoé, Albert Kacou Tiapani « enterré » à Dabou, N’Guessan Bernard mis au placard à Dimbokro, Djédjé Bagnon « fusillé » à Gagnoa. Leurs partisans, ulcérés, n’hésitent pas à dénoncer « une conspiration machiavélique » dont ils seraient l’objet de la part de Bédié et de son entourage. Lorsque nous l’avons joint récemment, Emile Ebrottié, 1er vice-président de la commission des TIC justifie ces nominations par le fait « que ce sont des militants qui ont besoin de promotion au sein du parti ».
Armand B. DEPEYLA
Nomination au Pdci : La fronde des mécontents s’amplifie - Photo à titre d'illustration