Le président de la République s’est prêté aux questions de la presse juste après son meeting de clôture de sa visite d'Etat, mercredi 17 septembre 2014, à Daoukro. Voici ce qu’il a dit aux journalistes.
Alassane Ouattara : Messieurs les présidents de conseils d’administration, directeurs généraux, mesdames et messieurs, je pense qu’aujourd’hui, je n’ai pas besoin de faire un discours liminaire.
Vous voyez la luminosité sur mon visage, çà veut tout dire. Mais ceci étant, je voudrais avant toute chose, saluer et remercier le président Bédié pour son hospitalité et toues les bonnes attentions dont nous avons fait l’objet, non seulement, Mme Ouattara et moi-même et toute la délégation. Saluer les responsables et cadres de la région de l’Iffou qui se sont fortement mobilisés pour que cette visite soit un grand succès. J’étais sûr que cela devrait être un succès mais un succès exceptionnel.
Nous avons passé des moments formidables ici pendant quatre jours. Si nous n’avions pas les contraintes à Abidjan, on serait resté encore quelques jours. Et les populations nous ont accueillis dans la ferveur, la fraternité, l’amitié. Et nous avons également pu dire ce que nous avons pu faire à mi-mandat. Nous avons déjà fait la moitié des investissements, c’est déjà pas mal. La première année a été une année perdue, si je peux m’exprimer ainsi. Ça veut dire que nous avons la possibilité d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.
Je suis personnellement heureux de la position prise d’orientation par le président Bédié de notre action commune pour que le Rhdp me présente comme seul candidat qui permettra donc au gouvernement de continuer son travail sans interruption, et de donner encore des résultats plus palpables à nos concitoyens au cours des prochains mois. Ce sont ces mots que je voudrais vous dire en vous remerciant d’être venus aussi nombreux (…)
Le président Bédié vient d’emboucher la même trompette que le président Mabri par rapport à votre candidature unique au sein du Rhdp (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix : Ndlr), il y a que le Mfa (Mouvement des Forces d'avenir : Ndlr), ne se sentant pas concerné par la gestion du pouvoir d’Etat, est ce que des réglages se feront et comment comptez-vous ramener le Mfa à la candidature unique ?
A.O : Je fais remarquer que l’Udpci a déjà pris position, je me réjouis de cette décision prise, il y a quelques mois. Le Pdci (Parti démocratique de Côte d'Ivoire:Ndlr) aujourd’hui, par la voix du président Henri Konan Bédié, se propose de réunir d’ailleurs une convention. Et je n’ai aucun doute que le MFA et l’Upci (Union pour la Côte d'Ivoire:Ndlr) se joindront à cette décision pour que je sois effectivement le candidat donc du Rhdp, aux élections présidentielles de 2015.
Le président Bédié a parlé d’alternance en 2020, quel commentaire vous en faites ?
A.O : Dans sa déclaration, il parle de l’alternance. Il est clair qu’il faut l’alternance puisque moi je ne serai plus candidat en 2015. Donc ce sera un parti unifié. L’alternance, il faut que ce soit une autre personne, je respecterai bien sûr la constitution. Par conséquent, il n’y aura de Pdci, de Rdr ou d’Udpci à partir du moment où il y a un parti unifié, il y aura naturellement une alternance à cette occasion avec quelqu’un qui prendra notre place à cette période là et bien sûr, nous serons là, je souhaite, président Bédié et moi, pour aider cette personne où cette équipe pour essayer de bien gouverner la Côte d’Ivoire (….)
Je voudrais revenir sur la question de la Cei (Commission électorale indépendante) en rapport avec le retrait des partis membres de l’alliance démocratique de Côte d’Ivoire (Afd-ci). Vous en avez parlé lors de la rencontre avec les cadres et chefs traditionnels de la région de l’Iffou le lundi dernier au domicile du président Henri Konan Bédié. Est-ce à dire que le débat est définitivement clos sur la participation de ces partis aux activités de la Cei ou qu’est ce qui sera fait dans le sens de la conciliation ?
A.O : Pour nous, il n’y a plus de débat au niveau de la Cei. Certains disaient qu’ils voulaient un consensus. C’était très bien. Il n’y avait pas d’engagements.
Mais (...) une bonne chose de souhaiter un consensus. Le Fpi, lui-même, a voulu un consensus sur la Cei. Ils n’ont pas pu le faire. Ils ont voté. Je pense que, c’est ce qui s’est passé à la Cei. Les 2/3 des membres ont élu le bureau. Ils doivent se mettre au travail. Ce bureau doit continuer à travailler, doit être ouvert, tendre la main à ceux qui estiment qu'ils peuvent contribuer aux activités du bureau. D’ailleurs, je note que tous les responsables ont prêté serment devant le Conseil constitutionnel, il faut donc qu’on voit au niveau du droit, ce qui est possible.
On ne peut pas avoir prêté serment et ne pas l’exécuter. En droit, cela veut qu’il y a parjure. Donc, je souhaite que les responsables du Fpi, ce n’est pas eux tous (...). Il y a deux membres de l’opposition qui sont dans le bureau de la Cei. Il y a encore un ou deux autres qui existent encore. Je crois que ce sont des choses qui vont se normaliser. Je crois que le vote au sein du Fpi a été très limite. Puisque 119 personnes ont voté pour l’entrée du Fpi à la CEI et 130 ont dit non. C’est pratiquement à 10% près. Je note que le Fpi a voté et la Cei en a fait de même. Donc, nous sommes en démocratie, je respecte les décisions démocratiques. J’en appelle au Fpi de siéger à la Cei. C’est dans son intérêt et de celui de la Nation.
Ma vision de la Côte d’Ivoire, c’est que tout le monde participe au processus. Ce système des quatre quarts, recommandé par le National démocratic institute (Ndi) qui dit que tous les acteurs doivent être présents pour se contrebalancer. Leur absence voulait dire que leur point de vue ne sera pas malheureusement pris en compte en totalité. Quoique les autres partis de l’opposition qui y sont, peuvent porter leur point de vue.
Ce n’est pas un drame. J’aurais souhaité bien sûr que tout ça se normalise rapidement. Vous savez qu’on a perdu beaucoup de temps. La Cei devait être en place fin juillet, nous avons tout fait pour que cela évolue dans un climat apaisé. Pour que les choses puissent se faire dans un moment où nous sommes sûrs de respecter la date des élections Présidentielles en octobre 2015. Là, nous sommes pris par les délais, il n’y a plus question de retarder le processus. J’en appelle à ceux qui ne siègent pas encore à la Cei de le faire dans l’intérêt de tous.
Le gouvernement a demandé aux Ivoiriens de ne plus se serrer la main, virus Ebola oblige. Et, ils voient à la télé, leur président serrer les mains. Est-ce que le président serait doté d’un anti Ebola ?
A.O : Il faut continuer de respecter ces mesures, se serrer les mains, le moins possible, éviter les accolades également. Mais avant d’aller au meeting, vous voyez qu’il y a des dispositifs pour que les gens se nettoient les mains, se lavent les mains. Et, moi je fais la même chose avant de quitter ma résidence. Quand j’arrive, je suis aseptisé. Ceux à qui je serre les mains sont également aseptisés. Donc, il n’y a pas d’incompatibilité.
Nous sommes totalement conformes aux directives de Mme la ministre de la santé. C’est pourquoi d’ailleurs, nous évitons de serrer la main dans la foule. Peut-être que toutes les personnes n’ont pas été soumises à ce traitement, mais il faut continuer, c’est important. Nous avons évité l’introduction de la fièvre Ebola en Côte d’Ivoire et nous devons tout faire pour nous protéger.
Depuis le décès du président Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire n’arrive plus à organiser des élections sans violence. Peut-on dire que le président Houphouët est parti avec la paix qu’il considérait comme sa seconde religion ?
A.O : Je signale qu’évidemment, la boîte de pandore a été ouverte avec le coup d’Etat qu’il faut condamner à nouveau. Il faut condamner la violence. Il faut rentrer de manière définitive dans un processus démocratique, et qu’à présent, l’alternance se fasse (…). Il faut être positif et dire que la paix maintenant, est retrouvée. Elle ne doit plus jamais nous échapper parce que nous allons bannir la violence de la politique. Nous sommes en train de construire un Etat de droit et nous ferons en sorte que tous les citoyens aient les mêmes droits et les mêmes obligations.
Vous avez toujours affirmé votre détermination à lutter contre l’impunité.
A.O : En matière d’impunité, tout le monde connaît mon point de vue. il est clair que les enquêtes sont en cours, elles doivent se poursuivre et elles doivent aboutir. Mais je signale quelque chose. Vous-même qui êtes journaliste de la Voie (''Notre Voie'', Ndlr), c’est que les procédures concernant l’ancien président ont commencé, il y a 3 ans, et ce n’est que la semaine dernière qu’il a été décidé que le procès allait commencer sans que la date ne soit fixée, vous voyez ? Ça veut dire qu’il faut au moins 3, 4 à 5 ans avant même d’arriver au procès. Donc il n’y a pas de raison pour qu’en Côte d’Ivoire, on aille plus vite que les autres.
Nous sommes tentés de vous demander où en sommes nous avec les enquêtes sur le massacre du camp de Nahibly à Duékoué ?
A.O : Les enquêtes sont en cours et elles seront donc menées par une justice impartiale. Tous ceux qui ont commis des crimes devront répondre devant la justice. Et je n’ai aucun état d’âme sur cette question là. On peut continuer de me faire confiance. Donc on ne peut pas sanctionner des gens qui n’ont pas été jugés. C’est ça.
Lorsque vous avez fait l’enquête sur la crise poste électorale, il y a eu près de 750 personnes qui ont été tuées dans votre camp, et jusque-là, il n’y a pas de sanction. Concernant la réconciliation nationale, il y a des dignitaires de l’ancien régime qui sont au Ghana et qui ne peuvent pas rentrer. Qu’est-ce qui va se passer aujourd’hui pour que cette réconciliation se réalise effectivement ?
A.O : La question de la justice doit être également l’équité dans la justice. En dehors des cas de flagrants délits. Vous savez bien qu’il y a eu des cas de flagrants délits qui ont été jugés. Et par conséquent, nous devons continuer. Mais ce que nous essayons de faire, c’est de dire que tout ce qui n’est pas crime de sang doit pouvoir faire l’objet de liberté provisoire. (...) Lire La suite sur Linfodrome
Le président de la République s’est prêté aux questions de la presse juste après son meeting de clôture de sa visite d'Etat, mercredi 17 septembre 2014, à Daoukro. Voici ce qu’il a dit aux journalistes.