Le ministre ivoirien de l’intérieur et de la sécurité, le général Diomandé Vagondo a reçu, des mains de Antonia Ngabala Sodonon, la représentante résidente d’Onu femmes en Côte d’Ivoire, le vendredi 24 mars 2023, un rapport issu de l’évaluation des obstacles à la participation des femmes en uniforme, particulièrement les femmes policières dans les opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies, entreprise par les deux parties et financée par le fonds de l’initiative Elsie. Cette remise s'est déroulée dans les locaux dudit ministère.
Les statistiques avancées par Onu femmes font état de ce que depuis 2008, date à laquelle la Côte d’Ivoire a adopté la résolution 1325 du conseil de sécurité de l’ONU sur les femmes, la paix et la sécurité et ce, jusqu’au 31 décembre 2022, 958 personnes en uniformes ont été déployées dans les opérations de maintien de la paix par la Côte d’Ivoire dont 49 femmes, soit un taux de représentativité de 5,11%. Concernant spécifiquement le corps de la police de 2010 à 2019, 210 agents ont été déployés dont presque le quart ont été des femmes soit 23%.
Selon Deborah Warren-Smith, la Secrétaire du fonds de l’initiative Elsie (fonds centré sur les femmes en uniformes dans des rôles policiers ou militaires et qui contribue à accroître leur participation dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies), les femmes en uniformes sont globalement peu déployées et cela n’est pas l’apanage de la Côte d’Ivoire seulement. C’est un constat général.
Elle a néanmoins tenu à féliciter la Côte d’Ivoire qui contribue, selon ses propos, de manière exemplaire dans les opérations de maintien de paix. C’est donc à juste titre que le pays est devenu depuis 2021, le 8e à bénéficier du fonds Elsie grâce au soutien d'Onu Femmes.
C’est donc dans le but d'accroître de façon significative la participation des policières ivoiriennes aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies à travers le monde que le ministère de l'intérieur et de la sécurité a réalisé en partenariat avec Onu femmes, une étude afin de remédier à cela.
Cette étude auprès du personnel de police et d'autres parties prenantes des OMP en Côte d'Ivoire a permis de déterminer les principaux facteurs entravant le déploiement des femmes policières dans les OMP de l'ONU et de faire des recommandations pour améliorer leur participation significative à ces opérations.
Il s'agissait notamment de la représentativité des femmes au sein de la police et des personnes en uniforme déployées ; la satisfaction de leurs besoins pendant les OMP ainsi que leur accès égalitaire aux opportunités, rôles et ressources à des niveaux de qualification semblables.
Menée depuis l'année 2022 par la cellule d'analyse de politique Économiques du Cires (Capec), cette évaluation a montré que les barrières les plus importantes s'observent au niveau des critères de déploiement, de la sélection pour le déploiement, des infrastructures des OMP non adaptées à certains besoins spécifiques des femmes et de l'avancement professionnel.
Selon cette cellule, une législation adaptée pour un meilleur encadrement du processus de déploiement, la réduction de 15 à 10 du nombre d'années d'expérience requises pour candidater aux OMP, ou encore la décentralisation des processus de sélection et présélection permettraient, entre autres, de pallier ces obstacles.
« Les principaux résultats montrent que la police de Côte d'Ivoire fournit des efforts pour accroître non seulement le nombre de femmes au sein de l'institution, mais aussi leurs chances d'être déployées. La direction générale de la police (DGPN) fait également des efforts pour encourager les candidatures féminines afin de respecter le quota minimum de 25% fixé par l'ONU », a déclaré Pr Kimou Assi, le directeur général adjoint du Capec.
Remerciant l’ensemble des parties prenantes dans l’élaboration de ce rapport, le ministre de l’intérieur et de la sécurité, le Gal Diomandé Vagondo, a assuré de l’engagement de son département ministériel à tout mettre en œuvre pour une appropriation conséquente des conclusions de cette évaluation.
« Je puis vous assurer également de l’engagement de l’Etat de Côte d’Ivoire à poursuivre ses efforts pour combler les écarts entre femmes et hommes dans l’ensemble des activités du secteur de la sécurité », a déclaré le premier responsable de la sécurité de la Côte d’Ivoire.
Il finira par inviter et encourager les femmes de la police nationale à participer massivement aux opérations de maintien de la paix de l’ONU tout en leur assurant le soutien de leur ministère de tutelle.
Antonia Ngabala Sodonon, la représentante résidente d’Onu Femmes en Côte d'Ivoire, quant à elle, s’est réjouie de l'implication véritable et spontanée du ministère de l'intérieur et de la sécurité.
Elle s’est dite satisfaite des résultats de l'évaluation et a annoncé une seconde phase de ce projet.
Il faut noter que les opérations de maintien de la paix des Nations-Unies ont vu le jour en 1948. Depuis cette date, l'ONU a déployé des centaines de milliers de militaires, de policiers et de civils dans le cadre des opérations de maintien de paix. Ces opérations ont principalement pour mandat d'aider les pays en situation de conflit à créer des conditions de retour à une paix durable.
Longtemps un terrain réservé aux hommes, les opérations de maintien de la paix ont de plus en plus prix un visage humain à travers le déploiement de contingents féminins.
Notons que la Côte d’Ivoire a été le premier pays africain à adopter un plan d’Action National pour la mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité (PAN R1325 2008-2012).
Varol
Paix dans le monde : les policières ivoiriennes invitées à participer massivement aux missions de l’ONU